Après 7 ans en France, une famille algérienne contrainte de rentrer en Algérie

Une vie construite en France remise en cause
Après sept ans passés en France, Siham Touhami, 38 ans, et son mari Mamar, chef d’équipe dans le bâtiment, doivent quitter le pays avec leurs quatre enfants. Installé dans l’Oise depuis 2018, le couple avait bâti une vie faite de travail, d’école et d’intégration. Mais le tribunal administratif d’Amiens a confirmé, le 11 août 2025, l’obligation de quitter le territoire français (OQTF) notifiée fin décembre 2024.
Un recours rejeté malgré l’intégration
Le couple espérait que leur parcours et la scolarisation de leurs enfants suffiraient à convaincre la justice. Lors de l’audience du 2 juillet 2025, ils avaient insisté sur leurs efforts d’intégration. Pourtant, le tribunal a estimé que leur départ ne représentait pas « une conséquence d’une exceptionnelle gravité ». À quelques semaines de la rentrée scolaire, l’espoir de rester s’est effondré.
Des enfants déracinés brutalement
Les enfants Touhami voient leur quotidien bouleversé. Bochra, l’aînée de 14 ans, ne pourra pas retrouver son collège Notre-Dame. Ses frères et sœurs quittent aussi l’école élémentaire Marcel-Provost, laissant amis et enseignants derrière eux. « Je voulais passer mon brevet ici », confie Bochra, émue. La famille prépare désormais un retour forcé en Algérie autour du 15 septembre.
Une forte solidarité locale
Cette expulsion a suscité un élan de solidarité. Des associations comme SOS Devoirs, AHSE et la Ligue des droits de l’homme se sont mobilisées. Des parents d’élèves et même un policier ont organisé une manifestation à Noyon en mai 2025. La maire, Sandrine Dauchelle, avait plaidé auprès du préfet pour la famille, soulignant leur parfaite intégration. Malgré ce soutien, la décision judiciaire a prévalu.
Un phénomène récurrent dans l’Oise
Le cas de la famille Touhami illustre une réalité plus large. Entre 2019 et 2022, l’Oise a enregistré 3 343 OQTF, contre 2 706 dans la Somme et 1 042 dans l’Aisne. Ces chiffres restent toutefois inférieurs à ceux du Nord (18 724) et du Pas-de-Calais (17 682). La France applique régulièrement ses procédures, indépendamment de l’histoire personnelle des familles.
Un retour difficile en Algérie
Les enfants, scolarisés depuis leur jeune âge en France, devront s’adapter à un pays qu’ils connaissent peu. Pour les parents, le choc s’annonce aussi logistique qu’émotionnel. Après sept ans en France, la famille doit reconstruire sa vie en Algérie, loin des repères créés au fil du temps.
Une histoire symbolique des parcours migratoires
Derrière cette expulsion, se dessine la complexité des trajectoires migratoires. Le couple était arrivé en France avec l’espoir d’un avenir meilleur pour ses enfants. Ils repartent avec la certitude que les attaches humaines pèsent peu face aux exigences administratives. En attendant leur départ, ils organisent leurs affaires et préparent leurs adieux, résignés face à une décision devenue irrévocable.