Vers un Observatoire tunisien de la décarbonation industrielle

Le président de l’UTICA, Samir Majoul, a appelé à la création d’un Observatoire de la décarbonation industrielle. Ce projet, en partenariat avec le gouvernement, vise à centraliser les données, les bonnes pratiques et les indicateurs de performance des entreprises tunisiennes.
Un enjeu devenu impératif
Lors d’un atelier à Tunis sur le thème « Face au changement climatique : enjeux et stratégies de décarbonisation », Majoul a souligné que la transition vers un modèle industriel bas carbone n’est plus une option. Elle est devenue une nécessité urgente, dictée par les engagements de la Tunisie, notamment dans le cadre de l’Accord de Paris.
Des défis financiers majeurs
La CDN tunisienne prévoit une réduction de 45 % des émissions d’ici 2030, nécessitant 14,4 milliards de dollars. Ce montant représente un vrai défi, surtout pour les PME, essentielles à l’économie nationale. Majoul a précisé que la décarbonation est aussi une question de survie économique, pas uniquement environnementale.
L’Europe impose la pression carbone
À partir de 2026, l’Union européenne appliquera progressivement le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) aux produits importés. Comme 75 % des exportations tunisiennes vont vers l’Europe, l’impact sera significatif. Le prix du carbone dépasse aujourd’hui 80 €/tonne, ce qui représente un coût important pour les exportateurs.
Les leviers proposés par l’UTICA
Pour répondre à ces enjeux, l’UTICA propose :
- La création d’un centre national d’expertise carbone pour former localement les compétences.
- Le lancement d’une plateforme de financement vert pour soutenir les entreprises.
- Un dialogue public-privé structuré pour développer des solutions locales.
Un appel à l’intelligence collective
Slim Jaoued (KAS Tunisie) a rappelé que la décarbonation est une opportunité, pas un luxe. Il a insisté sur la mobilisation d’un réseau d’experts, entreprises et associations pour bâtir une société plus juste et plus résiliente.
Sami Marrouki (Pacte mondial Tunisie – IRSET) a, quant à lui, proposé la création d’un marché carbone tunisien. Il recommande aussi de reporter l’application du MACF, car la Tunisie n’est pas encore prête.