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Migrants dans la Manche : Bruno Retailleau annonce des renforts sécuritaires sur le littoral

En visite dans le Pas-de-Calais, vendredi, Bruno Retailleau a annoncé l’arrivée prochaine de renforts sécuritaires sur le littoral, notamment une mission de lutte contre l’immigration clandestine sur le littoral confiée à un préfet. Il a également appelé à l’instauration d' »une voie d’admission légale [vers le Royaume-Uni] avec des critères en termes économiques, de regroupement familial ».

En visite à Ambleteuse, vendredi 29 novembre, le ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau a menacé d’engager un bras de fer avec Londres sur la question des traversées de la Manche par les migrants. Le ministre a également annoncé des renforts de police, la nomination d’un représentant spécial sur l’Immigration au ministère, et une mission de lutte contre l’immigration clandestine sur le littoral, confiée au nouveau préfet délégué pour la défense et la sécurité dans les Hauts-de-France, Vincent Lagoguey.

Un préfet spécialement chargé de cette mission était l’une des revendications d’un collectif de maires du littoral que Bruno Retailleau a rencontré pour ce premier déplacement dans la zone depuis sa prise de fonction en septembre. Des maires qui se disent démunis face à la saturation des transports en commun, utilisés à la fois par les habitants et les migrants tentant de rejoindre les plages.

Dans un communiqué diffusé à la presse mercredi 20 novembre, plusieurs maires des communes du littoral nord, dont Calais, Sangatte ou Marck, avaient demandé à l’État un sursaut concernant la situation migratoire dans la Manche. « De jour comme de nuit, les maires sont en première ligne, contraints de faire face, sans détenir les moyens nécessaires, à une problématique dont la gestion incombe pourtant à l’État », pouvait-on lire dans le communiqué. 

Environ 200 personnes supplémentaires seront déployées pour renforcer les équipes locales de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim), la police aux frontières (PAF), les commissariats de Calais et Dunkerque ou encore pour intervenir dans les bus et trains.

« Gardiennage » de la frontière

À quelques jours d’une rencontre avec son homologue britannique, Yvette Cooper attendue le 9 décembre dans le Pas-de-Calais, Bruno Retailleau a également appelé le Royaume-Uni à ne pas se contenter de déléguer le « gardiennage » de sa frontière à la France.

« Le Brexit a détruit toutes les relations migratoires » avec le gouvernement britannique, a-t-il déploré, appelant à « une voie d’admission légale avec des critères en termes économiques, de regroupement familial ».

Bruno Retailleau a également menacé d’engager un bras de fer sur l’épineuse question des accords du Touquet, signés en 2004 et qui fixent sur le sol français les contrôles des personnes en partance vers le Royaume-Uni.

Le ministre de L’intérieur doit se rendre le 10 décembre à Londres pour une rencontre associant outre la France et le Royaume-Uni, des représentants des Pays-Bas, de l’Allemagne et de l’Irlande.

« Les responsables de ces drames, ce sont les passeurs et les Britanniques », a martelé à ses côtés le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand (LR), accusant ces derniers de profiter d’une main d’oeuvre payée « au lance-pierre ».

Fonds d’indemnisation

Le sujet de l’immigration, légale comme illégale, est sensible pour le nouveau gouvernement travailliste, qui a annoncé jeudi un « plan » pour réduire les arrivées, durcissant les conditions d’embauche de travailleurs étrangers et les sanctions pour les entreprises en infraction sur les règles en matière de visas.

Bruno Retailleau a indiqué qu’il allait réclamer à Londres de cofinancer un fonds d’indemnisation pour les habitants et entreprises locales ayant subi des dégradations de leurs biens. Il souhaite aussi une aide financière britannique pour les sapeurs-pompiers locaux, dont 12 % des interventions sont liées à la crise migratoire, et pour la société de sauvetage en mer (SNSM), qui a effectué selon lui 5 500 sauvetages depuis le début de l’année.

La maire de Calais Natacha Bouchart (divers droite) s’est félicité que plusieurs mesures réclamées par les élus locaux aient été « validées » par le ministre de l’Intérieur. « Mais (…) si on n’en soigne pas la cause, on a du mal à guérir », a-t-elle ajouté, pointant elle aussi les Britanniques « qui nous contraignent à devoir subir pour eux, depuis tant d’années, la régulation hypocrite de leur immigration ».

Un nombre record d’au moins 72 candidats à l’exil sont morts depuis le 1er janvier en tentant de rallier l’Angleterre par la mer, selon la préfecture du Pas-de-Calais. « Une tragédie, pas tolérable », a dit Bruno Retailleau.

De leur côté, les associations venant en aide aux exilés sur le littoral réclament l’augmentation des moyens de secours en mer. L’une d’elles s’est inquiétée des annonces du ministre y voyant « la poursuite de la militarisation du littoral » en dépit de « l’inefficacité de cette politique ». « Le Royaume Uni a déjà criminalisé les personnes arrivées clandestinement, ce qui n’a eu aucun impact sur les départs », a souligné Flore Judet, coordinatrice de l’Auberge des Migrants.

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