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Grèce : un tribunal juge « illégale » la détention d’une famille dans le camp de Malakasa

La Cour d’Athènes a ordonné la libération d’une famille avec enfant, détenue selon elle « illégalement » dans le centre d’accueil fermé de Malakasa. La famille n’avait toujours pas été enregistrée par les autorités deux semaines après son arrivée, ce qui constitue, aux yeux de la justice, une « restriction de liberté ».

La détention en Grèce pointée du doigt par la justice. Le 14 novembre, la Cour administrative d’Athènes a ordonné la libération d’une famille avec un enfant, « illégalement détenue » dans le centre d’accueil fermé de Malakasa, près d’Athènes. Le trio était soumis à des « restrictions de liberté » dans la structure, ont statué les magistrats.

D’après Amnesty EU, la loi grecque autorise une détention de 25 jours maximum pour l’enregistrement des demandeurs d’asile. Des délais, dans la réalité, régulièrement dépassés. Selon l’ONG Refugee Support Aegean (RSA), qui a révélé l’affaire, la famille concernée était déjà à Malakasa depuis deux semaines lorsque les autorités du centre ont ordonné une nouvelle détention de 20 jours supplémentaires. En cause : « le service d’accueil et d’identification (RIS) n’avait toujours pas terminé leur enregistrement ».

Le tribunal a estimé que ces retards dans la procédure ne justifiaient pas la poursuite de la détention et a ordonné le transfert de la famille dans un établissement ouvert jusqu’à leur enregistrement. La famille a finalement été enregistrée le lendemain de la décision du tribunal.

D’après RSA, le cas de cette famille n’est pas isolé. Dans son communiqué, l’association indique que plusieurs migrants arrivés fin septembre à Malakasa ne sont toujours pas enregistrés dans les registres grecs. Conséquence, ces personnes ne peuvent signer les autorisations nécessaires leur permettant d’être défendus par un avocat, « en vue de revendiquer des droits fondamentaux tels que le contrôle judiciaire de leur détention, des conditions de vie dignes, des soins médicaux, ou le dépôt d’une demande d’asile ».

« Les demandes répétées, écrites et orales, de personnes non enregistrées pour que leur signature soit certifiée par le centre restent à ce jour sans réponse », déplore RSA.

« Conditions d’hygiène désastreuses »

Sur X, Amnesty partage son inquiétude sur des cas similaires détectés dans le centre de Samos, île grecque au large de la Turquie. « Les retards dans les enregistrements semblent être le résultat d’un manque de personnel, d’une augmentation des arrivées et de défaillances dans les systèmes utilisés par les autorités », indique l’ONG, qui affirme aussi que « l’extension systématique de la détention, de fait, est illégale ».

Cette structure, souvent présentée comme un modèle d’accueil en Europe, est actuellement « en surcapacité ». Toujours d’après Amnesty, certains occupants sont « obligés de dormir sur du carton sans couverture », « l’accès à l’eau reste limité et les conditions d’hygiène sont désastreuses ».

L’ONG réclame donc, comme à Malakasa, « le réexamen de la détention à Samos et dans les autres centres grecs ». La Grèce compte actuellement six hotspots, des camps « fermés » – appelés RIC (Reception and identification center) – chargés d’enregistrer les nouveaux arrivants, et 28 autres camps « ouverts » où sont hébergés les migrants durant la procédure de leur demande d’asile.

Amnesty exhorte par ailleurs l’Union européenne à « clarifier l’état des procédures d’infraction contre la Grèce, afin de déterminer si les restrictions de liberté violent le droit de l’UE ».

Des allocations suspendues

La Grèce est une des portes d’entrée de l’Union européenne pour des milliers de migrants en quête d’une vie meilleure. Depuis le début de l’année, plus de 52 000 personnes sont arrivées en Grèce, dont 46 000 par voie maritime, d’après les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Dans le pays, le quotidien des migrants se dégrade d’année en année. Fin septembre, plusieurs associations grecques dénonçaient l’arrêt des versements des allocations réservées aux demandeurs d’asile hébergés dans les camps du pays.

Un état de fait qui plaçait ces exilés « en situation d’otages », avait regretté Lefteris Papagiannakis, directeur du Conseil grec pour les réfugiés. « La situation n’est pas catastrophique dans le sens où les migrants ne sont pas à la rue, ils ont un toit et reçoivent de la nourriture, avait-il nuancé. Mais le problème reste grave : car cette allocation leur sert surtout pour leur frais de transport. C’est loin d’être anecdotique : les camps en Grèce sont tous éloignés des zones urbaines », et donc des bureaux de l’administration. Et un rendez-vous manqué peut conduire à un dossier de régularisation rejeté.

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