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Séismes en Turquie et Syrie : la Grèce renforce les contrôles à ses frontières

Craignant une vague de réfugiés au printemps à la suite des séismes qui ont frappé la Turquie et la Syrie, la Grèce a décidé de renforcer les contrôles à ses frontières. Le ministre grec de la Migration a confirmé la poursuite de la construction du mur séparant le pays de son voisin turc.

« Le mouvement massif de millions de personnes n’est pas une solution », a déclaré le ministre grec de la Migration et de l’Asile, Notis Mitarachi, redoutant de voir aux frontières grecques les déplacés des séismes qui ont secoué la Turquie et la Syrie et fait plus de 50 000 morts. Selon lui, si l’aide humanitaire n’arrive pas aux populations sinistrées en Turquie et Syrie, la Grèce fera face à une nouvelle vague de migration au printemps. En conséquence, depuis ce week-end, des centaines de garde-frontières ont été envoyés en renfort pour surveiller la frontière gréco-turque, rapporte le Guardian dimanche 26 février.

Et vendredi 24 février à Athènes, lors de la deuxième conférence européenne sur la gestion des frontières, comme plusieurs autres pays européens, le ministre a plaidé pour un renforcement des frontières extérieures de l’UE. Ainsi, il a confirmé la poursuite de la construction du mur qui sépare la Turquie de la Grèce. La barrière, longue de 27 km aujourd’hui, doit doubler d’ici la fin de l’année et « sera étendue sur toute la longueur de la rivière [Evros, ndlr] afin que nous puissions protéger le continent européen des flux illégaux », a déclaré M. Mitarachi.

« La clôture sera faite de toute façon »

Pour cela, le gouvernement a demandé un financement européen auquel la Commission européenne s’est montrée peu favorable. Elle estime que « la construction de murs et les barbelés » n’est pas la bonne solution. Mais « la clôture sera faite de toute façon. Nous ne nous attendons pas à ce que le financement de l’UE soit un critère pour réaliser le projet. C’est notre choix, pour notre politique d’immigration, elle est nécessaire », a commenté le ministre sur Twitter.

Selon le Guardian, les autorités grecques souhaitent aussi se procurer des « dizaines » de nouveaux navires de garde-côtes afin d’accroître la surveillance maritime. Elles espèrent aussi poursuivre le déploiement de matériel de pointe déjà utilisé, tels des drones et des caméras.

« Ce sont des choix déjà vus et qui sont toujours inefficaces », tance de son côté Lefteris Papagiannakis, directeur du Conseil grec pour les réfugiés et ancien vice-maire d’Athènes en charge des questions de réfugiés. « Ils font des choix qui s’adressent à l’électorat et qui ne répondent pas à la vraie question », ajoute-t-il

Contexte « Orban »

Selon lui, ces décisions sont la continuité du durcissement de la politique migratoire grecque mise en place depuis la crise migratoire de 2015. « Le gouvernement actuel a pris des mesures très restrictives. On est dans un contexte ‘Orban’ en Grèce », dénonce-t-il, faisant référence au dirigeant hongrois conservateur, résolument contre l’arrivée de migrants dans son pays.

En effet, depuis quelques années, les autorités grecques multiplient les décisions restrictives à l’encontre des exilés qui tentent de rejoindre l’Europe via son territoire. En novembre 2021, elles avaient mis un coup dur à la demande d’asile en rendant obligatoire le dépôt des dossiers dans l’un des six centres d’enregistrement, alors que cinq d’entre eux se trouvent sur des îles. Les autorités grecques ont plusieurs fois été accusées de refoulements illégaux, aussi appelés « pushbacks ». Même si la Grèce a toujours démenti tout refoulement illégal à ses frontières.

 

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