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Quand le Maroc bouleverse le marché agricole européen

Des agriculteurs espagnols dénoncent la concurrence marocaine dans l’UE, en ce qui concerne les fruits et légumes en général et la tomate en particulier. « Le Maroc peut faire entrer 320 000 tonnes de fruits et légumes en Europe, en franchise de droits. Mais 600 000 tonnes entrent, soit le double de la quantité autorisée », dénonce Andrés Góngora, responsable des fruits et légumes à la COAG. « Actuellement, nous sommes les premiers exportateurs au sein de l’UE. Mais si nous quittons l’espace européen, ils nous ont déjà dépassés. Nous sommes déjà en dessous de 600 000 tonnes », ajoute-t-il.

La Commission européenne a annoncé récemment que d’ici 2035, la surface cultivable de tomates va baisser d’environ 21,5 %, entrainant une perte de 22 % de la production, relaie El Español. Déjà, l’Espagne n’est plus le principal fournisseur de tomates du Royaume-Uni. Elle a été détrônée par le Maroc. En Andalousie, la surface cultivable de tomates est passée de 12 000 à 4 000 hectares en cinq ans, soit une perte de 8 000 hectares. Dans les îles Canaries, la tomate n’est même plus cultivée, s’offusque Góngora. Le responsable de COAG dénonce le non-respect de l’accord tarifaire qui prévoit le paiement de 46 euros pour 100 kilos à partir de 320 000 tonnes. « L’accord n’est pas respecté et les conteneurs ne sont pas contrôlés », s’insurge-t-il, mettant en évidence une concurrence déloyale de la part du Maroc. « Si la tomate espagnole est à un euro, ils la mettent à 70 ou 80 centimes. C’est leur formule pour s’emparer du marché, sachant par ailleurs que la main d’œuvre est fondamentale dans la fixation des prix ».

C’est dans le Sahara que le Maroc cultive l’essentiel des tomates exportées ces dernières années. Actuellement, près de 1 000 hectares (950) sont cultivées à Dakhla pour une production de 66 000 tonnes par an, principalement des tomates rondes et cerises (44 tonnes par hectare), mais aussi des melons. Le Maroc ambitionne d’atteindre 5 000 hectares de terre cultivable d’ici 10 ans. « Dans le Sahara, il n’y a pas de réglementation. Et comme il n’y a pas de règles, les cultures irriguées ne sont pas illégales », fait savoir Góngora. Andrés Góngora dénonce aussi la « stratégie de fraude » du Maroc qui transporte les tomates du Sahara occidental « par la route jusqu’à Agadir, où elles sont mélangées à des tomates marocaines et étiquetées comme si elles avaient été cultivées au Maroc ». Le responsable de COAG invite les autorités espagnoles à prendre les mesures idoines pour ne pas perdre la guerre de la tomate avec le Maroc, car « quand un pays perd la capacité de produire, il perd aussi la capacité de contrôler les prix ».

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