Maghrébins du Monde

Les étrangers en Tunisie: Les « métèques de la République », selon cette étude

Carrefour de plusieurs civilisations, la Tunisie a accueilli des vagues successives d’étrangers sur son territoire. L’histoire récente a été notamment marquée par l’arrivée des Italiens, des Maltais mais aussi des Algériens et des Palestiniens. Ces dernières années, la Tunisie abrite désormais de plus en plus d’étrangers d’origines Subsahariennes, de Libyens, de Syriens mais aussi des Occidentaux.

Les motifs de ces arrivées divergent profondément mais le regard porté vers ces populations, “El barrani” ou “el Barrania”- pour reprendre une expression populaire- est relativement le même.

L’étranger “El barrani”

Cette expression populaire a été reprise par le professeur de Droit et le fondateur de l’Association de défense des libertés individuelles (ADLI) , Wahid Ferchichi, dans la préface de la nouvelle publication de l’ONG, intitulée “Libertés des étrangères et des étrangers en Tunisie: Les métèques de la République!”.

Il décortique cette expression en expliquant que celle-ci “qui signifie celui ou celle qui vient d’ailleurs, y compris d’un autre quartier, ville, famille, région, pays… cache aussi un statut, un statut social certes, mais surtout juridique…”, souligne Wahid Ferchichi.

“Le terme étranger renvoie, en Tunisie, à des réalités extrêmement variées. Certains étrangers sont en situation régulière au regard de la loi tunisienne, d’autres sont dans une situation irrégulière. Certains étrangers sont installés en Tunisie depuis très longtemps, ont des rapports de famille, d’autres viennent pour une période plus ou moins courte”, détaille la professeure de Droit, Souhayma Ben Achour, qui a réalisé ladite étude.

Leur vécu en Tunisie diffère aussi selon leur situation financière: “Certains étrangers, notamment européens, vivent dans une certaine aisance financière, d’autres, notamment les réfugiés venant d’Afrique subsaharienne ou de Syrie, connaissent de très grandes difficultés matérielles et n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins. Certains étrangers habitent les quartiers chics de la banlieue nord, d’autres sont dans des camps ou des centres de rétention”, explique Ben Achour.

La différenciation entre étrangers

Cette inégalité se manifeste également concernant l’entrée et la sortie du territoire tunisien.

Si l’entrée en Tunisie demeure “relativement aisée”, la sortie “semble plus problématique”, note la professeure.

Le principe de libre circulation des personnes a permis la conclusion d’accords bilatéraux avec certains pays pour l’exemption de visa de leurs ressortissants. Cependant des raisons sécuritaires motivent le maintien de l’exigence de visa pour beaucoup de pays arabes.

Des camps de rétention (El Wardiya, Ben Guerdane) sont prévus pour abriter des étrangers dans des situations irrégulières. Tendant à combattre les réseaux de passeurs, le législateur tunisien se montre plus répressif en pénalisant l’aide ou l’assistance à un étranger irrégulier à travers “la loi du 3 février 2004 modifiant et complétant la loi du 14 mai 1975 relative aux passeports et aux documents de voyage”.

Par ailleurs, en attendant une réforme législative introduisant le droit d’asile dans le droit tunisien, beaucoup d’étrangers risquent de se trouver dans ces camps en cas de réponse négative du Haut commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR), seul habilité, pour le moment, à octroyer le statut de réfugié.

 

Source :H.P.M (R.B)

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page