Maghrébins du Monde
Human Rights Watch (HRW) dénonce, jeudi 16 mai dans un communiqué, l’utilisation par les autorités marocaines de l’article 381 du code pénal, qui punit l’usurpation de fonction pour faire taire certaines voix dissidentes.
L’ONG de défense des droits humains prend ainsi l’exemple de Nezha Khalidi. Membre du collectif d’activistes sahraouis “Equipe Media” à Laâyoune, dans le Sahara, elle comparaîtra le 20 mai devant la justice pour avoir affirmé être journaliste alors qu’elle ne remplissait pas les conditions requises.
Elle avait été arrêtée le 4 décembre dernier alors qu’elle diffusait, en direct sur Facebook, une scène de rue et un policier qui la pourchassait, en dénonçant la “répression” des autorités. Son smartphone avait été confisqué par la police et ne lui aurait jamais été rendu, selon elle. Elle risque jusqu’à deux ans de prison, rappelle HRW.
“Ceux qui s’expriment pacifiquement ne devraient jamais craindre la prison pour avoir ‘prétendu’ être des journalistes”, a déclaré Eric Goldstein, directeur adjoint Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW. “Les autorités ne devraient pas utiliser une loi conçue pour empêcher quelqu’un de non qualifié de prétendre être un médecin, par exemple, pour punir ceux dont les positions leur déplaisent.”
Selon l’article 381, “quiconque, sans remplir les conditions exigées pour le porter, fait usage ou se réclame d’un titre attaché à une profession légalement réglementée (…) est puni de l’emprisonnement de trois mois à deux ans et d’une amende de 200 à 5.000 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement.”
Pour l’ONG, l’invocation de cet article est “incompatible avec l’obligation du Maroc de respecter le droit – garanti par le droit international relatif aux droits humains – de rechercher, recevoir et communiquer informations et idées”.
L’ONG évoque également le cas de deux Rifains qui se présentaient comme journalistes mais n’avaient pas de cartes de presse, et qui avaient été arrêtés lors des manifestations du Hirak du Rif. Ils ont été condamnés à cinq ans et trois ans de prison.
HRW demande ainsi au gouvernement marocain d’exclure le journalisme du champ d’application de cet article du code pénal, pour éviter qu’il ne serve de moyen de dissuasion d’exprimer librement ses idées.