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En Grèce, cinq policiers arrêtés pour complicité de trafic d’êtres humains avec des passeurs

Cinq agents grecs de la police des frontières ont été inculpés, mardi, de complicité présumée avec un réseau de passeurs. Ils sont accusés d'avoir fait entrer des migrants en Grèce par bateau, depuis la Turquie, sur le fleuve Evros.

C’est un important coup de filet pour les autorités grecques. Cinq agents grecs de la police des frontières ont été inculpés, mardi 30 mai, de complicité présumée avec un réseau qui faisait entrer illégalement des migrants dans le pays en provenance de Turquie.

Les cinq policiers ont été présentés au parquet dans la ville d’Orestiada (Nord-Est), au lendemain de l’annonce de leur arrestation par la division des affaires internes de la police. Ils sont soupçonnés de corruption et de manquement à leurs obligations.

Selon le communiqué de la police, les suspects auraient permis le passage illégal d’un nombre encore inconnu de personnes, depuis le mois d’octobre, à l’aide de bateaux pour traverser la frontière matérialisée par le fleuve Evros, au nord-est de la Grèce.

Les interpellations ont pu être conduites à la suite d’une longue investigation. Elles ont permis, lundi, de saisir une soixantaine de téléphones portables, des livres turques et des billets de banque en provenance de plusieurs pays d’Asie, a précisé la police.

La région de l’Evros est l’un des points d’entrée en Grèce pour les exilés arrivant de Turquie. Pour contrer ce phénomène, Athènes y déploie d’importants effectifs policiers et militaires et a construit un mur qui s’étend actuellement sur 40 kilomètres. Athènes entend à terme, couvrir d’un mur la totalité de sa frontière terrestre avec la Turquie.

Reste qu’un grand nombre de migrants atteignent la Grèce en bateau via le fleuve Evros. Une route qui mène parfois à des drames. Plusieurs groupes d’exilés ont déjà été bloqués sur des îlots de ce large fleuve, dans une situation humanitaire catastrophique.

Morts à la frontière

En août 2022, un groupe de 38 personnes, majoritairement syriennes, était resté bloqué plusieurs jours sur un îlot. Une fillette de cinq ans était morte des suites d’une piqûre de scorpion, faute d’avoir pu recevoir des soins. Trois autres personnes étaient également décédées suite aux violences et au refoulement des garde-frontières grecs, selon les témoignages recueillis par les ONG et journalistes qui se sont saisis de l’affaire.

Les ONG accusent également les autorités grecques de « pushbacks » à cette frontière et d’avoir créé un no man’s land militaire où personne ne peut aider les rares migrants qui réussissent désormais à traverser. Densément boisée, la région de l’Evros est désertée par ses habitants depuis qu’elle est sous contrôle de l’armée. Sans civils et sans humanitaires dans les parages, les drames sont fréquents.

Beaucoup d’exilés meurent noyés dans le fleuve. « On ne retrouve pas tout de suite les victimes », confiait en 2021 le médecin légiste Pavlos Pavlidis travaillant à l’hôpital d’Alexandropoulis, non loin de la frontière. Et puis, l’identification des corps est parfois impossible. « L’eau abîme tout. Elle déforme les visages ». Sur l’ensemble de l’année 2021, 51 corps ont été retrouvés dans la zone et amenés à l’institut médico-légal d’Alexandropoulis.

 

 

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