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Drame de Melilla : peines durcies en appel pour huit migrants

La cour d'appel de Nador a alourdi, lundi 6 février, les premières condamnations prononcées à l'encontre de huit migrants qui avaient tenté d'entrer dans l'enclave espagnole de Melilla le 24 juin 2022. Les membres du groupe ont écopé de trois à quatre ans de prison ferme.

Ils avaient fait appel de leur première condamnation, en espérant qu’elle serait allégée. Lundi 6 février dans la soirée, la justice marocaine a au contraire alourdi les peines de prison de huit migrants ayant pris part à une tentative d’entrée en force, le 24 juin, dans l’enclave espagnole de Melilla.

« La cour d’appel de Nador a durci à quatre ans de prison les peines de trois migrants et à trois ans de prison pour cinq autres », a détaillé à l’AFP l’avocat de la défense Mbarek Bouirig. Sept autres accusés du même groupe ont vu leurs peines maintenues à deux ans et demi de prison, a précisé l’avocat. « Nous espérions que la justice prenne en considération leur condition de demandeurs d’asile afin de revoir à la baisse ces peines », déplore leur défense.

Ces 15 migrants ont été condamnés, entre autres, pour « entrée illégale » au Maroc, « désobéissance » et « dégradation de biens publics », selon l’avocat. Il s’agit du dernier groupe jugé en appel parmi des dizaines de migrants irréguliers poursuivis à la suite du drame de Melilla.

Le 9 janvier, le même parquet avait « alourdi de six mois les peines de groupe de migrants, les portant à trois ans de prison ferme chacun », avait fait savoir Mbarek Bouirig. Ces 13 personnes avaient écopé en août de deux ans et demi de prison en première instance. Ils étaient poursuivis entre autres pour « participation à une bande criminelle d’immigration clandestine », « entrée illégale » au Maroc ou encore « violence envers des agents de la force publique ».

Enquête classée pour Madrid

Près de 2 000 migrants, en majorité des Soudanais avaient tenté le 24 juin de pénétrer par la force dans la cité autonome espagnole de Melilla, située au nord du Maroc. Cette tentative s’était soldée par la mort de 23 migrants, selon les autorités marocaines, 27 d’après l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

Soit le bilan le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Melilla et dans l’enclave espagnole voisine de Ceuta, qui constituent les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec le continent africain.

Le poste-frontière de Barrio Chino dans l'enclave de Melilla.
Le poste-frontière de Barrio Chino dans l’enclave de Melilla.

Six mois après le drame, le 23 décembre 2022, le parquet espagnol, lui, avait classé son enquête sur la mort des migrants africains. Le parquet avait estimé dans un communiqué ne pas avoir identifié de « signes de délit dans les agissements des agents » des forces de sécurité espagnoles durant cette tragédie.

Une décision qui va à l’encontre des conclusions des ONG. Après enquête, Amnesty International avait qualifié ce drame de « tuerie de masse » et accusé Rabat et Madrid de vouloir cacher la vérité. Selon le rapport de l’ONG, qui avait recueilli de nombreux témoignages de migrants présents le 24 juin à la frontière entre le Maroc et Melilla et analysé des vidéos et images satellites, « les méthodes employées par les autorités marocaines et espagnoles […] ont contribué à la mort d’au moins 37 personnes ». Et 77 autres sont « toujours disparues ».

 

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