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Deux séismes ravagent la Syrie et la Turquie, où vivent des centaines de milliers de déplacés

Selon un bilan provisoire, plus de 2 300 personnes ont été tuées dans deux tremblements de terre qui ont ravagé le sud de la Turquie et la Syrie, lundi. Dans ces zones vivent des centaines de milliers de déplacés syriens, fuyant la guerre, parfois dans des infrastructures précaires ou affaiblies par les bombardements.

Le bilan ne cesse de s’alourdir. Plus de 2 300 personnes ont été tuées, lundi 6 février, dans le sud de la Turquie et en Syrie voisine par deux puissants séismes. Des milliers de blessés sont à déplorer.

La première secousse est survenue à 4h17 locales (1h17 GMT) dans le district de Pazarcik, dans la province turque de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d’oiseau de la frontière syrienne. Des dizaines de répliques ont suivi, avant un nouveau séisme de magnitude 7.5, à 10h24 GMT, toujours dans le sud-est de la Turquie, à 4 km au sud-est de la ville d’Ekinozu.

Ce bilan des victimes est très provisoire, un très grand nombre de personnes restant piégées sous les décombres. La neige, qui tombe en abondance et la baisse des températures, attendue en soirée et mardi, va rendre encore plus difficile la situation des personnes se retrouvant sans abri, ainsi que le travail des secours.

« Le nombre (de victimes) risque d’augmenter dramatiquement, et il y a encore des centaines de personnes coincées sous les décombres, et des centaines de bâtiments complètement détruits », a déclaré Raed Al-Saleh, directeur de l’organisation humanitaire « Défense civile syrienne », joint par InfoMigrants. « Le nord-ouest de la Syrie est complètement touché, et les équipes de la défense civile ne sont pas en mesure de secourir tous ceux qui sont bloqués, malgré leur mobilisation totale. Nous sommes maintenant dans une course contre la montre pour sauver des vies. »

« Des immeubles qui ne répondent à aucune norme »

L’Union européenne, dont de nombreux États membres ont offert leur aide aux populations des régions dévastées, a commencé à envoyer des équipes de secours. Les États-Unis, la Russie, Israël et l’Ukraine ont également offert leur aide, de même que la Grèce, dont les relations avec Ankara sont orageuses. Athènes a annoncé « porter une assistance immédiatement ». L’Azerbaïdjan, pays ami de la Turquie, a annoncé l’envoi immédiat de 370 secouristes, et l’Inde a fait état d’envoi d’équipes de secours et médicales.

Dans les zones touchées par les tremblements de terre vivent des centaines de milliers de déplacés, fuyant le conflit syrien. La Syrie compte six millions de déplacés internes. Ces populations ont fui diverses villes contrôlées par le régime pour se réfugier dans le nord du pays, en particulier dans le gouvernorat d’Idlib, où vivent deux millions de réfugiés, parfois dans des camps. La Turquie voisine, elle, compte environ 3,5 millions de déplacés syriens.

« Rien que dans la ville (turque) de Gaziantep, il y a un demi-million de réfugiés syriens, cela représente un habitant sur cinq », rappelle Bilal Tarabey, chroniqueur international pour France 24, précisant que la fragilité de leur logement les expose particulièrement aux conséquences de ces séismes. « L’écrasante majorité (de ces déplacés) vit dans des constructions précaires, dans des immeubles qui ne répondent à aucune norme, qui sont construits en parpaings, sans fondations, et qui d’ailleurs peuvent régulièrement s’effondrer l’hiver en raison du climat extrêmement rigoureux. »

En Syrie, même constat en ce qui concerne la fragilité des habitats, mais cette fois-ci en raison de la guerre qui ravage le pays depuis près de 12 ans.

« Des dizaines de milliers de familles sont sans abri »

Les frappes continues sur le nord de la Syrie par les forces du régime et les forces russes ont en effet affaibli les infrastructures, explique le directeur de « Défense civile syrienne ». Il y a « des milliers de bâtiments qui étaient fissurés à la suite des bombardements. Lorsque ce tremblement de terre s’est produit, un grand nombre de ces immeubles se sont effondrés. Maintenant, des dizaines de milliers de familles sont sans abri », affirme encore Raed Al-Saleh.

Suite à la catastrophe, certains déplacés, en Turquie comme en Syrie, n’ont d’autres choix que de chercher un nouveau lieu où se réfugier. La famille d’Abou Ahmad, un Syrien originaire d’Alep qui vit à Istanbul, habitait jusqu’à lundi à Antakya, dans le sud de la Turquie. « L’immeuble [dans lequel vivait mes proches] s’est effondré, mais, heureusement, ils sont en sécurité, explique Abou Ahmad, interrogé par InfoMigrants. Ils n’ont pas d’abri pour le moment. Ils sont en chemin vers Idlib. C’est l’endroit le plus proche où ils espèrent être aidés par des ONG syriennes. » Face à la situation, le gouvernement syrien a appelé la communauté internationale à lui venir en aide.

Ce séisme est le plus important enregistré en Turquie – pays situé sur l’une des zones sismiques les plus actives du monde – depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17 000 personnes, dont un millier à Istanbul. Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards, en pyjama dehors dans le froid.

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