Maghrébins du Monde
Le corps chétif… l’humeur sombre… Les gestes lourds… les yeux tristes… l’esprit distrait… Elle ne lève presque pas le visage du sol et ne répond que par un oui ou un non…
Tu n’es pas une criminelle ma soeur… Baisser la tête ne te sied pas… Tu n’es pas une criminelle ma soeur… et toute cette tristesse ne te sied pas…. Tu n’es pas une criminelle ma soeur, cela ne te sied pas alors que tu es à la fleur de l’âge… Tu n’es pas une criminelle ma soeur… tu n’as pas à avoir honte, tu es pour nous le sens même de l’honneur…. Tu es la dignité et la patrie…
Peut-être que ton crime est d’être une étudiante de 22 printemps parmi les étudiants de cette patrie… Ton crime est peut-être d’avoir participé à la marche des étudiants, comme chaque mardi depuis le début du Hirak… Tout le monde la bénissait cette marche avant qu’elle ne devienne, et le Hirak avec elle,une menace contre les intérêts de ceux qui entravent la volonté du peuple…
Quel a été ton crime ce jour-là, ma soeur?! Peut-être d’avoir porté ou détenu un slogan… Un slogan dangereux, ma soeur… Un slogan qui est vu par certains comme une atteinte à l’intérêt de la nation…. Un slogan que certains considèrent comme une atteinte à l’unité nationale…. Malgré ton attitude pacifique avec lequel nous avons ébahi les autres…
Effectivement, c’est un slogan dangereux ma soeur: “il faut demander des comptes aux corrompus!”
O désespoir pour ma patrie…
J’aurais tant aimé pouvoir dire tout cela ou au moins une partie de cela…. Mais, je ne l’ai pas dit, j’étais incapable de dire quelque chose en sa présence… J’étais figé à ma place à essayer de rassembler ce qui reste de mots dispersés par son regard amical et sa profonde tristesse… Pour enfin la questionner sur ces conditions de détention et la manière dont les autres prisonnières la traitaient. Sa réponse est venue, d’une voix brisée: “je me sens seule”.
De ce lieu et avec ce niveau de réserve où l’humain se bât contre l’avocat en moi, je demande à chaque confrère… à chaque ami… à tout humain, d’écrire du fond du coeur une lettre portant le titre, “tu n’es pas seule Nour-el-Houda- Yasmina”… Le hirak est avec toi… l’Algérie est avec toi…nous sommes tous avec toi”.
Ecrivez des lettres qui portent vos coeurs, ornées du patriotisme de chacun de vous. Accompagnez les des images de nos filles et garçons emprisonnés… Des lettres qui seront un espoir pour eux et, pour nous, le témoignage que l’Algérie est une, que son peuple est un et solidaire. Pour qu’on leur crie à la face:” vive le peuple, vive l’Algérie… Relâchez nos enfants…!”