Maghrébins du Monde

Algérie-Face au tollé international suscité par l’attaque contre Mada Masr, le régime égyptien recule

Les journalistes de Mada Masr sont libres. Le journaliste Shady Zalat, 37 ans, enlevé de chez lui, samedi soir, par des forces de sécurité non-identifiée a été libéré dimanche sur une route désertique. Dans l’après-midi, 9  éléments des services de sécurité – qui n’ont pas décliné non plus à quel corps ils appartiennent – ont fait une descente sur les locaux de Mada Masr. Ils ont saisi les ordinateurs et les téléphones.  

Une journaliste, Rana Mamdouh, a voulu téléphoner pour que l’on puisse aller prendre ses enfants à l’école, elle a essuyé un refus. Les journalistes présents ont été confinés dans la salle de rédaction pendant trois heures. La directrice du site, Lina Attalah et le rédacteur en chef, Mohamed Hamama ont subi plusieurs interrogatoires menées par des personnes différentes. Deux journalistes étrangers, un Américain, Ian Louie, et une Britannique, Emma Scolding, qui collaborent au site en anglais de Mada Masr et deux journalistes de France 24, venus pour un entretien avec Lina Attalah, ont été également interrogés. Lina Attallah, Mohamed Hamama et Rana Mamdouh ont été emmenés par la suite au poste de police de Dokki, au Caire, ils ont été libérés en début de soirée. Ian Louis et Emma Scolding, deux journalistes étrangers de la rédaction, ont également été brièvement détenus avant d’être libérés. 

Une enquête sur le fils de Sissi

Le 20 novembre dernier, Mada Masr a publié un article intitulé sur l’affectation à Moscou pour une “mission de longue durée” du fils du président Mahmoud al-Sissi, officier de haut-rang dans les services de renseignements. Citant deux sources différentes – au sein des services égyptiens et des sources émiraties-, Mada Masr indiquait que cette réaffectation était liée à des critiques en interne sur l’impact négatif du rôle joué par Mahmoud al-Sissi auprès de son paternel. Parmi les reproches qui lui ont été faits, sa mauvaise gestion des dénonciations de la corruption contre le président et l’armée lancées par l’homme d’affaires, Mohamed Ali, en exil en Espagne. Ces vidéos, devenues virales, ont provoqués des manifestations sans précédents depuis des années contre le régime.

L’attaque contre Mada Masr a suscité un tollé mondial ce  qui explique sans aucun doute la libération rapide des journalistes.  Une illustration parfaite de ce que sont les dictatures arabes qui font assaut de “nationalisme” mais méprisent leur opinion nationale tout en étant sensible à ce qui se dit sur eux en Occident.  Après ils diront que c’est la “main de l’étranger”. Un discours qui a fonctionné dans le passé mais qui est devenu une source de moquerie générale contre des régimes arrogants contre leurs peuples et obséquieux vis à vis des  étrangers que celle de leurs peuples. Les journalistes qui font encore avec courage leur travail – et ceux de Mada Masr sont parmi les rares qui le restent en Egypte où les médias sont aux ordres et transformés en vulgaires outils de propagande – servent leurs pays et leur société. Ils n’ont  aucune leçon de patriotisme à recevoir.

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