La Tunisie se place à égale distance entre les différentes parties libyennes (Jhinaoui)

  Dans une lecture de la situation en Libye, à l’issue de son entretien avec le chef d’État, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemais Jhinaoui, a insisté que son pays « se place à égale distance entre les différentes parties libyennes, mais elle ne demeure pas pour autant neutre dans la mesure où elle œuvre à l’arrêt des combats dans ce pays et à trouver une solution pour la paix entre les différents protagonistes du conflit ». « La Tunisie a, à maintes reprises, clarifié sa position concernant le dossier libyen (…) les différentes parties libyennes en conflit ont été contactées dans la perspective de trouver un accord pour cesser les combats », a rappelé M. Jhinaoui. Pour rappel, le président de la République tunisienne, Béji Caïd Essebsi, avait présenté depuis 2017 une initiative portant sur un règlement pacifique de la crise libyenne: depuis lors, les autorités tunisiennes seraient en contact permanent avec le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour la Libye et chef de la mission d’appui des Nations Unies en Libye, Ghassan Salamé. « La Tunisie ne peut se placer aux côtés d’un protagoniste libyen aux dépends de l’autre, eu égard aux liens de voisinage qui existe entre les Libyens et les Tunisiens », a réitéré Jhinaoui, cité par l’agence officielle tunisienne. Et de préciser que « nous voulons un Etat libyen frère où règne la sécurité et la stabilité. […] l’intérêt national de la Tunisie est dans la reprise d’une vie quotidienne normale en Libye ce qui permettrait d’impulser l’économie tunisienne », a-t-il dit. Jhinaoui estime, par ailleurs, que « le fait de ne pas prendre position en faveur d’une partie libyenne ne signifie pas pour autant que la Tunisie se tient dans les rangs de l’autre (…) la Tunisie n’a aucun agenda en Libye, elle travaille en coordination avec les différentes parties libyennes à l’exception des terroristes lesquels doivent être combattus par les Libyens eux-mêmes ». Le chef de la diplomatie tunisienne a fait savoir que les Nations Unies ont fait état de l’existence de 60.000 réfugiés libyens depuis le début des hostilités en Libye, sans compter des centaines de blessés reçus dans les hôpitaux tunisiens. « Nous ne voulons plus d’effusion de sang dans ce pays frère, nous ne voulons pas qu’il se transforme en foyer de tension », a assuré Jhinaoui. Pour lui, « la seule solution possible en Libye serait purement (…) les différents protagonistes seront obligés, en dernière instance, de s’assoir autour de la même table de négociations pour trouver une solution politique consensuelle ». « La Libye, a encore estimé Jhinaoui, est menacée par le spectre du terrorisme et qu’il est du devoir de tous les Libyens de s’unir pour le combattre. D’autre part, la poursuite des divergences de la communauté internationale sur le dossier libyen me semble être une autre préoccupation ». Le chef de la diplomatie tunisienne a réclamé, dans ce sens, aux Libyens de « faire prévaloir l’intérêt suprême de leur pays et à le placer au-dessus de toute autre considération, la poursuite des divisions en Libye engendrera forcément des divergences au sein de la communauté internationale autour de la question libyenne », pour reprendre les propos de M. Jhinaoui. « Nous ne voulons entrer dans aucun axe, insiste-il: Nous voulons être le refuge et la voix qui porte conseil aux frères Libyens […] pour les Tunisiens, le dossier libyen est un dossier sensible, il est de notre intérêt de ne pas entrer dans la politique des axes: l’opinion publique tunisienne doit comprendre cela ». Jhinaoui a exhorté la communauté internationale à œuvrer pour un cessez-le-feu en Libye, sans poser de conditions, et à la reprise du dialogue dans les plus brefs délais. « Ce dossier est sensible et d’une importance capitale pour la Tunisie (…) il ne peut en aucune manière être sujet de surenchères politiques par les différents acteurs du paysage politique tunisien », a-t-il conclu.