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La recette pour juguler le péril alimentaire de la guerre en Ukraine

La guerre russo-ukrainienne est en train d’avoir des  répercussions majeures sur la situation économique en Tunisie, surtout que le pays importe plus de la moitié de ses besoins en blé de Russie et d’Ukraine, selon le docteur en sciences économiques, Salim Bousbah.

Il a précisé dans une déclaration à African Manager, en marge d’un colloque international sur les répercussions de la pandémie de Covid-19 et du conflit russo-ukrainien sur les relations tuniso-européennes, que la guerre aura des retombées sur les prix à un niveau global, ce qui placera la Tunisie face à des difficultés et des problèmes,  s’agissant notamment de l’enveloppe allouée  à la subvention des céréales.

Dans le même contexte, il a souligné que  les dépenses  en termes de  subventions allant aux céréales sont  passées du simple à l’octuple (8 fois) par rapport  à celles des années 2007 et 2008, et vont augmenter à l’avenir en raison de la hausse des prix internationaux et de la détérioration de la valeur du dinar tunisien face aux devises étrangères, ce qui va naturellement  aggraver la crise.

La Tunisie  capable d’autosuffisance alimentaire

Dans le même contexte, le docteur en sciences économiques, Salim Bousbah, a estimé que la Tunisie est capable d’atteindre l’autosuffisance en blé dur, d’autant plus qu’elle dispose de nombreux atouts qui peuvent l’aider à y parvenir.

Il a, également, souligné que les changements auxquels le monde assiste en termes de croît démographique, de changement des habitudes alimentaires et d’évolution vers la  sédentarisation urbaine  dictent une augmentation de 70% de la production agricole mondiale.

Bousbah a souligné que la Tunisie est concernée par ces mutations et est tenue de progresser dans la production céréalière, d’autant plus qu’elle se caractérise par des éléments qui l’y rendent éligible, notant que le  pays est également tenu d’encourager l’investissement agricole à travers  l’extension des incitations et  facilités aux grandes cultures, ainsi que la possibilité de compenser ses besoins en blé tendre par du blé dur, ou encore en libéralisant les prix des produits à base de blé tendre.

Ila estimé que les problèmes les plus importants auxquels est confrontée l’agriculture tunisienne sont d’ordre  structurel, car plus de 60% des exploitations agricoles  couvrent moins de 50 hectares destinés  à la  production céréalière, alors que  dans d’autres pays comme la  France, par exemple,  l’exploitation  agricole dédiée à la céréaliculture  va jusqu’à  400 et 500 hectares.

« La Tunisie est tenue d’encourager l’agriculture et la production agricole pour parvenir à la sécurité alimentaire », a affirmé Bousbah.

Menace de famine !

L’économiste a averti que, faute de quoi, la Tunisie pourrait faire partie des pays menacés de famine en cas de poursuite de la guerre russo-ukrainienne, notamment avec la  flambée continue  des prix et  la détérioration du pouvoir d’achat des catégories vulnérables.

Le citoyen tunisien pourrait  se trouver dans l’incapacité d’acheter de la nourriture malgré sa disponibilité en raison de la forte hausse des prix, notant que la Tunisie, à ce jour, est toujours dépendante du budget alloué pour la subvention, qui est devenu un fardeau insupportable.

Il a conclu que la solution pour sortir de la crise est claire et évidente, et réside principalement dans la promotion et l’investissement dans le secteur agricole.

Il est à noter que la Tunisie occupe des rangs avancés parmi les pays importateurs de céréales dans le monde, puisque ses besoins en céréales s’élèvent à environ 33 millions de quintaux par an, dont elle ne produit que 10 millions de quintaux, selon la moyenne  de la  production des dernières campagnes.

Compte tenu de l’évolution du marché international et de la hausse des cours  mondiaux des céréales, le prix du quintal de blé importé a atteint 110 dinars à son arrivée en Tunisie.

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