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Cannes2019: pour la Première fois, une présence tunisienne Record
Depuis le film « Goha » de Jacques Baratier sacré Prix du Cinéma International au festival de Cannes en 1958, la Tunisie a affiché sa présence assez régulièrement à ce rendez-vous cannois aussi bien dans la compétition officielle que dans les différentes sections de la sélection officielle. En parcourant l’histoire du cinéma tunisien avec le festival de Cannes (reconnu à ce jour comme la plus grande manifestation cinématographique mondiale, notamment avec un record de journalistes présents, supérieur à celui des plus grandes manifestations sportives telles que les Jeux olympiques et la Coupe du monde de football), la participation de la cinématographie tunisienne sera cette année et pour la première fois, exceptionnelle à la 72ème édition du Festival qui se tiendra du 14 au 25 mai prochain.
Bien que l’édition 2019 s’annonce particulièrement faste pour les cinémas maghrébins et arabes, c’est bien la Tunisie qui semble cette année battre tous les records de présence des cinémas arabes à Cannes en alignant pas moins de cinq longs-métrages dans les différentes sections avec deux longs métrages de cinéastes confirmés présents en sélection officielle : « Intermezzo » d’Abdellatif Kechiche (la suite de « Mektoub, my love: canto uno » sorti en 2018) qui serait retenu en compétition officielle, (ce dont on attend la confirmation définitive par le festival), et « Caméra d’Afrique» de Ferid Boughedir, déjà sélectionné dans la prestigieuse section « Cannes Classics » traditionnellement réservée aux grandes œuvres de l’histoire du septième art.
Dans les sections parallèles, le premier film tunisien dont on avait annoncé la sélection cette année par la « Quinzaine des réalisateurs» est «T’Lamess », deuxième long-métrage réalisé par Allaeddine Slim, après son multi-récompensé «Le Dernier d’entre nous».
La surprise est venue du fait que deux autres longs-métrages qui ont été sélectionnés, chacun d’eux mis en scène par une comédienne passant pour la première fois derrière la caméra, deux nouveaux films dont l’un est produit par la France et l’autre par le Canada, qui se sont avérés avoir tous deux des réalisatrices d’origine tunisienne : Hafsia Herzi, révélée par Abdellatif Kechiche dans «La graine et le mulet (pour lequel elle avait remporté le César du meilleur espoir féminin), et actrice des films tunisiens «Addaouha-Les secrets » de Raja Amari et « l’Amour des hommes» de Mehdi Ben Attia, a été en effet sélectionnée à la « Semaine Internationale de la critique» pour son premier film « Tu mérites un amour».
De son côté, Monia Chokri, fille du peintre et militant de gauche tunisien exilé depuis longtemps à Montréal Ahmed Chokri et actrice dans les films du célèbre réalisateur canadien Xavier Dolan, voit son premier film de réalisatrice «La femme de mon frère», sélectionné par la section« Un certain regard ». Les deux cinéastes d’origine tunisienne devenant ainsi de facto candidates à la« Caméra d’or » qui récompense les meilleures premières œuvres, tout en restant candidates pour les prix spécifiques de leurs sections respectives : l’origine culturelle d’un film étant unanimement reconnue dans l’histoire de la cinéphilie mondiale comme étant non pas celle du producteur financier, mais celle du réalisateur artiste.
La Tunisie va donc, au vu de toutes ces sélections, pour la première fois dans l’Histoire de son cinéma et pour la première fois dans l’Histoire du festival de Cannes aligner en 2019 pas moins de cinq longs-métrages à la fois, auxquels il faut y ajouter le court-métrage documentaire « El Fouledh » de Mehdi Hmili, présenté à « La Fabrique Cinéma» le département de la « Quinzaine des réalisateurs» réservée aux meilleurs jeunes cinéastes débutants. Cela rend ainsi dans les faits la Tunisie présente concrètement dans six sections différentes du plus important rendez-vous mondial du 7ème art, un record qui n’a jamais été atteint jusqu’à présent par aucune Cinématographie arabe et qui augmente numériquement ses chances de pouvoir décrocher un prix dans les sections officielles ou parallèles qui sont dotées d’une compétition. Ce qui sera dévoilé à la clôture du festival prévue le 25 mai prochain.
Cela dit, la session 2019 s’annonce particulièrement faste pour les cinémas maghrébins et arabes. Si la Palestine est parvenue à aligner pour la troisième fois de son histoire un long métrage retenu en compétition officielle (« It must be Heaven », quatrième long-métrage de Elia Suleiman ), l’Algérie et le Maroc seront eux présents avec deux films de long-métrage retenus pour chacun des deux pays, films qui sont de surcroit tous des « Premières œuvres» . Pour l’Algérie, il s’agit de deux films dont l’action se déroule pendant les« années de plomb» : « Abou Leila » de Amine Sidi Boumedienne (film sélectionné dans la section «la Semaine Internationale de la critique»») et « Papicha » de Mounia Meddou (sélectionné par la section « Un Certain regard»).
Pour le Maroc, Le film « Adam» de Myriam Touzani a été également sélectionné à la section « Un Certain regard» et « La tombe du Saint inconnu » de Alla Eddine Aljem, présent à la «Semaine Internationale de la critique».