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Calamités naturelles : nécessité d’activer le fonds d’indemnisation pour pérenniser le secteur agricole en Tunisie

Le PIB agricole accuserait une baisse de 5 à 10%, à l’horizon 2030, à cause des conditions climatiques peu clémentes, qui ont occasionné, ces huit dernières années, des pertes de l’ordre de 345 millions de dinars, d’après le ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche.

Entre sécheresse, grêle et fortes précipitations qui gagnent en fréquence et en gravité, les agriculteurs, notamment, les petits exploitants ne sont plus en mesure de trouver ni le temps ni les ressources nécessaires, pour se remettre.

Dos au mur, le gouvernement a dû mettre en place, dans le cadre de la loi de finances de 2018, une mesure visant à créer un fonds d’indemnisation des dommages agricoles liés aux calamités naturelles.

Destiné à dédommager les agriculteurs et les marins-pêcheurs sinistrés, ce fonds couvre les pertes causées par les inondations, les tempêtes, le vent, la sécheresse, la gelée et la neige. Il concerne les cultures irriguées et pluviales, les animaux d’élevage et les produits de l’agriculture et de la pêche.

Ce fonds vient répondre aux appels pressants lancés, depuis des années, par les agriculteurs tunisiens confrontés de plus en plus, à des difficultés financières affectant leurs capacités d’investissement, a déclaré à l’Agence TAP, Leith Ben Becher, céréaliculteur et fondateur du Syndicat des agriculteurs en Tunisie (Synagri).

« Les changements climatiques conditionnent aujourd’hui, notre production agricole qui demeure essentiellement, pluviale. Sur les 5,4 millions d’hectares de terres arables, seuls 400 mille bénéficient de l’irrigation en cas de sécheresse. Les superficies restantes notamment céréalières restent soumises aux variations du climat», observe-t-il.

«Une année sur trois est quasiment, une année de disette pour les céréaliculteurs. La sécheresse aggrave nos récoltes et impacte nos marges économiques et notre capacité de remboursement, ce qui est de nature à accentuer davantage notre endettement», déplore-t-il.

Pour le président de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP), Abdelmajid Ezzar, il y a urgence aujourd’hui, à activer ce fonds, afin d’assurer la pérennité du secteur agricole en Tunisie, un secteur qui demeure vulnérable et assujetti aux aléas naturels.

« La structure des exploitations nationales est dominée par des superficies de taille réduite, qui sont cultivées par des petits agriculteurs dont 80% ne disposent pas du niveau d’instruction requis pour faire face aux calamités naturelles», explique-t-il.

/// Le fonds doit couvrir tous les agriculteurs ///

« De surcroît, ces petits exploitants ne sont pas dotés des innovations technologiques nécessaires pour faire preuve de résilience, d’où, l’importance capitale que revêt ce mécanisme d’indemnisation.

Ce dernier financé à hauteur de 70 MD, sera alimenté par une subvention de l’Etat dans la limite de 30 MD par année, d’une taxe de solidarité nationale de 1% prélevée sur certains produits (céréales collectées par l’Office des Céréales, fruits et légumes, olives et produits de la pêche) ainsi qu’une contribution annuelle des agriculteurs déclarants », explique le président de l’UTAP.

Cette cotisation est fixée à 2,5%, de la valeur de la production assurée ou des dépenses engagées, comme le stipule le décret gouvernemental n°822 de 2018 du 9 octobre 2018, fixant la contribution des agriculteurs au fonds d’indemnisation des catastrophes naturelles.

Ce même décret énonce que seuls les agriculteurs ayant souscrit une police auprès de la société d’assurance en charge de la gestion du fonds bénéficient de cette indemnisation.

Or, selon Ezzar, le fonds devrait plutôt être élargi à tous les agriculteurs, même les non adhérents, étant donné que ces derniers sont soumis à la taxe de solidarité nationale.

Pour le président du Syndicat des agriculteurs en Tunisie (Synagri), Karim Daoued, « cette caisse de compensation », permet aux agriculteurs, particulièrement, les petits exploitants de ne pas disparaître, d’autant que ces derniers font face continuellement, à une explosion des coûts de production alors que les prix de vente n’ont pas connu de hausses. Les coûts de production ont augmenté de 40% à 50% pour les engrais chimiques, l’énergie et les tracteurs, cela a alourdi nos investissements et affaibli nos marges.»

Et de rappeler que c’est grâce aux exportations des dattes, de l’huile d’olive, des fruits et légumes et des produits de la pêche que l’économie tunisienne a évité le pire pendant plusieurs années, notamment en 2014 et 2017. « Il est donc fondamental de rendre opérationnel ce mécanisme de compensation, d’autant que les subventions accordées par l’Etat demeurent insuffisantes contrairement à ce qui est dit».

D’après le directeur général du Financement, des Investissements et des Organismes Professionnels au ministère de l’Agriculture, Raouf Laajimi, les subventions allouées aux agriculteurs victimes des catastrophes naturelles ont coûté à l’Etat, au cours des huit dernières années, près de 131 millions de dinars, soit une moyenne annuelle d’environ 16, 4 millions de dinars.

Selon ses dires, le fonds d’indemnisation des dommages agricoles causés par les calamités naturelles, sera opérationnel sous peu, précisant que son département a lancé le 25 avril dernier, un appel d’offre pour sélectionner la compagnie d’assurance et de réassurance qui sera chargée de gérer cette caisse.

Une fois cette compagnie sélectionnée, elle va signer un accord avec le ministère des Finances, lequel permettra aux agriculteurs de bénéficier de leurs indemnisations.

 

Source :T.A.P

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