Non classé
C’est la première fois en10 ans que l’on observe autant de flamants roses peuplant les marécages de ce chott jusqu’au mois de mai », signalent d’anciens cadres de la conservation des forêts.
Cette reprise de vitalité est également attestée par la richesse faunistique observée au terme du dénombrement hivernal d’oiseaux d’eau avec 23 espèces avifaunes dont 13 protégées avec un total de 3.296 individus dont la sarcelle marbrée (68 oiseaux) et la tadorne de belon (271), souligne Walid Beladehane, chef du service de protection de la flore et de la faune à la conservation des forêts.
« L’ibis falcinelle, espèce migratrice d’Europe de l’Est très rare en Algérie, a été observé et photographié depuis quelques jours par un cadre du district de la daïra de Seriana de la conservation des forêts dans cette zone humide où cette dense présence et diversité d’oiseaux migrateurs représente un bio-indicateur de santé », assure le même cadre.
Gadaïne, site idéal pour la nidification des oiseaux d’eau migrateurs
Chott Gadaïne est de l’Ouest à l’Est une suite de marécages aux eaux saumâtres qui communiquent entre elles et vont s’écouler par l’étroit canal de l’oued Saboun dans le chott Tinslit (dans la wilaya d’Oum El Bouaghi) qui est classé Ramsar depuis 2012.
Cette étendue d’eau couvre avec ses abords près de 2.600 hectares chevauchant les deux communes de Lazro et Ain Yagout. Elle est alimentée essentiellement par les eaux de pluie et les écoulements des deux oueds de Zana et El Madher, expliquent les techniciens de la conservation des forêts.
Cette luxuriance de la vie a relancé chez les cadres de la conservation des forêts et autres défenseurs de la nature l’idée d’une classification Ramsar de la zone.
Pour Beldehane, le processus de classification requiert plusieurs critères dont le premier est un suivi de protection de cette zone d’accueil des oiseaux migrateurs à assurer avec le concours des autorités locales.
« Une classification dans le cadre de la convention internationale Ramsar assurera une protection effective de cette importante étendue d’eau incluant éventuellement l’installation de postes de vigie et une clôture par endroit pour y limiter l’accès et valoriser son importance comme site de protection des oiseaux », a souligné, pour sa part, Redouane, cadre de la conservation des forêts.
La zone est un site remarquablement idéal pour l’alimentation, le repos et la nidification des oiseaux d’eau migrateurs, relève Khaled Ataout de l’Agence nationale pour la conservation de la nature (ANN) qui note que plusieurs espèces dont le canard grèbe à cou noir et l’échasse blanche nidifient en ce moment à Gadaïne.
Le site de Gadaïne revêt aussi une importance culturelle du fait de sa situation au milieu d’une zone d’une grande richesse historique et archéologique avec la proximité du célèbre mausolée royale numide d’Imedghassene qui s’élève depuis plus de 23 siècles dans la commune proche de Boumia et les tombeaux « indigènes » signalés aux environs de Zana au pied du djebel Merzkène entre chott Gadaïne et chott Saboun par les deux archéologues Stéphane Gsell et Henri Graillot qui ont aussi révélé des inscriptions libyques à Sériana.
Successivement numides, romaines, byzantines et islamiques, des ruines de deux anciennes cités se trouvent aux abords de cette zone humide. La première est Diana Veteranorum (Zana, actuellement) qui fut la plus forte cité de toute la contrée lors de l’expédition de conquérant musulman Sidi Okba et ne fut détruite que l’an 935 à la suite de sa rébellion contre la dynastie fatimide. La seconde est Lamiggiga qui est le lointain noyau de l’actuelle ville de Sériana.