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Ksour de M’doukal à Batna: un site historique et touristique à valoriser
8 mai 2019
292 3 minutes de lecture
BATNA – Les habitants de M’doukal (130 km au Sud-ouest) misent sur la classification de ses Ksour en secteur sauvegardé, conformément à la législation en vigueur, afin de revitaliser cet espace et le transformer en une destination touristique.
Le dossier de cette classification a été déposé en octobre 2018 à la commission nationale des biens culturels du ministère de la Culture, assure le directeur de la culture, Omar Kebbour qui relève que l’initiative a pour atouts la persistance d’une certaine activité agricole entretenue par quelques habitants et le bon état de conservation de ses constructions en terre crue.
Pour M. Kebbour, lui-même chercheur en archéologie, cette étape est importante pour la sauvegarde du site et la sensibilisation des habitants à la préservation et le respect du mode de construction lors des actions d’entretien et de restauration.
L’importance de ce vaste monument architectural ne pouvant être dissociée des métiers artisanaux de ses anciens occupants, il a été convenu avec les autorités locales pour ressusciter certains métiers traditionnels avec l’engagement du secteur de la culture à accompagner la restauration des vieilles constructions.
Il est également prévu, dans la même perspective, d’encourager les associations locales intéressées par la protection du patrimoine culturel et touristique au travers de la relance de certaines manifestations dont le festival équestre qui attirait de grands nombres de visiteurs de plusieurs wilayas du pays, a-t-il- ajouté.
Un atelier pratique sur les techniques de construction en terre
En prévision de la classification des ksour en patrimoine national sauvegardé, la direction de la Culture, en coordination avec l’association Teghanimet pour la culture et les arts, a organisé, au début de la célébration du mois du patrimoine, un atelier pratique sur les techniques de construction en terre à M’doukal.
L’objectif était de sensibiliser les habitants à la valeur des techniques des anciens bâtisseurs de ces ksour, dont la pérennité des œuvres est aujourd’hui visible aux visiteurs.
Pour l’architecte et présidente du bureau de valorisation du patrimoine à la direction de la Culture, Asma Ghenam, la protection des vieux ksour commence par la mise en exergue du mode, des techniques et matériaux de construction d’où la tenue de cet atelier encadré par des spécialistes dont Rachid Djebnoun et Omar Dali de l’université Mohamed Khider de Biskra et Lina Chaoui de l’université de Blida.
La terre représente le matériau principal de construction des ksour et leur confère une touche d’esthétisme et de symbiose singulière, estiment les spécialistes qui considèrent qu’il est nécessaire de ressusciter cette technique de construction écologique et durable dans les efforts de préservation du vieux village de M’doukal, plusieurs fois séculaire, dont certains édifices continuent d’assurer leurs fonctions d’origine à l’instar de la mosquée où la prière est à ce jour officiée.
L’intérêt pour les ksour de M’doukal, frappés en 1969 par de grandes inondations, remonte à plusieurs années puisqu’en 2013, une étude sur la réhabilitation du vieux noyau de M’doukal a été réalisée par l’architecte Brahim Ariouat qui avait évalué à 630 millions DA le coût nécessaire pour l’opération.
En avril 2015, des journées d’étude sous le slogan « M’doukal, patrimoine national » ont été organisées par l’association des amis de Medghacen et l’association de la culture et du patrimoine historique de M’doukal avec la participation d’une commission ministérielle en préparation du projet de préservation de ce site historique.
Ksour de M’doukal, histoire et authenticité
Aux origines numides, les ksour de M’doukal dont la construction remonte au 3ème siècle de notre ère tirent leur importance du fait qu’ils ont toujours constitué un carrefour de diverses civilisations humaines, estiment des historiens.
L’appellation M’doukal du site signifie en langue amazighe « les amis », alors que les romains l’ont appelé « Aqua viva » au regard du nombre important de sources d’eau, selon les mêmes historiens qui soulignent que M’doukal, Tobna (près de Barika) et Tahouda (Biskra) figurent parmi les plus anciennes cités de la région et qui entretenaient d’étroits rapports commerciaux.
Le nom de M’doukal a été également mentionné par plusieurs anciens historiens dont l’explorateur Hocine Ibn Mohamed El-Ouartilani qui vécut entre 1125 et 1193 de l’hégire.
La cité fut aussi le berceau de nombreux illustres savants dont Salah Ibn Mohamed Zouaoui El-Hassani, mort en l’an 839 de l’hégire, Abdelkader Ibn Beliouz El M’doukali, mort à Damas en 1936 et l’illustre écrivain et moudjahid Ahmed Aroua.
Bâtie au milieu d’une oasis verdoyante aux sources d’eau multiples, M’doukal fut célèbre pour ses mosquées et zaouïas dont Djamaa Sidi El Hadj d’où prenaient leur départ les anciennes caravanes de hadj, mais aussi pour ses cinq portes : Enader, Essour, El-Hamraya, Erahba et El-Okda.
A l’instar des anciennes cités islamiques, les ruelles de M’doukal sont étroites, sinueuses et recouvertes par endroits, appelées « Skifa ».
La ville compte également certaines constructions en terre crue élevant sur deux niveaux et parfois quelques ruines de l’époque romaine.
Résistant au temps et à l’oubli, M’doukal conserve, à ce jour, les traces intactes de sa gloire passée et ses vestiges culturels et patrimoniaux qui méritent, assurent nombre de spécialistes, d’être sauvegardés et ré-explorés dans la perspective d’en faire une destination majeure du tourisme culturel.
8 mai 2019
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