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Le Maroc accusé d’avoir espionné des journalistes marocains, algériens et français

Le Maroc a utilisé le logiciel Pegasus pour espionner des journalistes marocains, algériens et français. C’est ce que révèle une enquête menée par le Forbidden Stories et ses partenaires, dont Amnesty International.

En tout, 10 000 numéros, essentiellement marocains, algériens et français ciblés. Selon les conclusions de l’enquête, les services de renseignement marocains ont ciblé des journalistes français du journal Le Monde, de France Télévisions, de France 24, en vue d’une possible infection de leur téléphone par le puissant logiciel espion Pegasus, rapporte France info. Une information confirmée par le Security Lab d’Amnesty International, partenaire technique du consortium formé par Forbidden Stories. Selon l’organisation, des téléphones ont été infectés et des Français espionnés.

En témoignent les analyses des Iphone des cinq journalistes ou patrons de médias français. Il s’agit de l’ancienne chroniqueuse judiciaire du Canard enchaîné, Dominique Simonnot, devenue depuis contrôleuse générale des lieux de privation de libertés ; du directeur de la radio TSF Jazz, Bruno Delport, qui mène depuis trois ans des actions humanitaires au Maroc en faveur notamment des prostituées ; de la journaliste de Mediapart, Lenaïg Bredoux, qui traite les questions de violences sexuelles et qui a aussi, il y a quelques années, enquêté sur le patron des services secrets marocains ; du co-fondateur du journal Mediapart, Edwy Plenel et d’une journaliste du Monde qui a souhaité ne pas être citée.

Le numéro de Rosa Moussaoui, grand reporter à L’Humanité, qui a enquêté sur le cas d’Omar Radi – journaliste marocain poursuivi pour «  viol  » et « atteinte à la sécurité intérieure de l’État », avec « financement de l’étranger » – a lui aussi été ciblé pour une infection par Pegasus. « C’est une forme d’intrusion dans le travail d’un journaliste d’une violence inouïe. C’est comme si j’avais été cambriolée, c’est une violation de l’intime », dénonce la journaliste. « À chacun de mes reportages au Maroc, je subis une surveillance étroite, physique, visible mais ce n’est pas la même chose quand on les voit. Là, cette invisibilité m’effraie », poursuit-elle.

Au Maroc, l’enquête révèle que les numéros de dizaines de journalistes et de militants des droits de l’Homme ont été sélectionnés pour un éventuel ciblage par Pegasus, un logiciel conçu pour lutter contre le crime et le terrorisme. Parmi eux, le numéro d’Omar Brouksy, ancien correspondant de l’AFP. « Je ne dirais même pas que je suis choqué, car dans un régime autoritaire, de telles pratiques ne sont pas étonnantes. En revanche, ça m’attriste pour le journalisme. Dans un pays comme le Maroc, la liberté, l’indépendance se payent au prix fort. Quand on veut bien faire ce métier, on est conscient qu’on doit payer ce prix de manière quasi quotidienne », réagit l’auteur de plusieurs livres sur la monarchie, interdits au Maroc.

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