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Une MRE d’Italie au chevet de son fils, migrant aux îles Canaries

Fatima, une Marocaine résidant en Italie, s’est portée au chevet de son fils qui a failli perdre la vie en mer après avoir embarqué sur un bateau en direction de Gran Canaria.

Le jeune homme, 25 ans, a embarqué sur un bateau à destination de Gran Canaria, sans informer sa mère, Fatima, résidant en Italie. « Ne dites rien à ma mère, je l’appellerai dès que j’arrive à destination », a-t-il demandé à sa sœur et à sa tante. Mais après plusieurs jours sans nouvelles de lui, la famille a décidé d’informer Fatima. La mère du jeune homme s’est effondrée quand elle a appris la nouvelle, surtout lorsque des rumeurs avaient annoncé la mort en mer de tous les passagers du bateau à bord duquel avait embarqué son fils. « Je ne mangeais pas, je ne dormais pas. Je ne faisais que pleurer », raconte à El Pais cette Marocaine de 46 ans.

Puis, un jour, le 9 septembre plus exactement, elle reçoit l’appel d’un ami de son fils, qui était également de ce voyage en bateau qui a mal tourné. Il la rassure qu’il fait partie des 24 survivants arrivés à Gran Canaria, mais ajoute que son état était critique et qu’il a été évacué par hélicoptère. Fatima était dans tous ses états. Elle laisse sa fille de six ans et son mari en Italie et monte dans le premier vol pour se rendre sur place.

Arrivée sur l’île, elle ne parvient pas à voir son fils, en soins intensifs à l’hôpital. Pendant cinq jours, elle est restée à l’extérieur de l’hôpital à pleurer et supplier les médecins et les aides-soignants de l’autoriser à le voir. Sans succès. Le jeune homme a finalement quitté les soins intensifs jeudi, et a été transféré dans une autre salle. Fatima se sent plus rassurée. Elle a confié au personnel médical un pyjama, des vêtements propres et un téléphone portable à remettre à son fils. Ils ont pu se voir et se parler par appel vidéo. Fatima a fondu en larmes en le voyant, avec la peau brûlée et le visage terne. Il arrivait à peine à parler. « Maman, pourquoi ne peux-tu pas venir me voir ? », balbutiait-il.

Fatima regrette la décision de son fils. « J’ai toujours travaillé pour aider mes enfants. Cela fait 12  ans que j’ai tous mes papiers en règle. Il ne me restait qu’un an pour obtenir la nationalité. Mon plan était de faire venir mon fils légalement, avec mes papiers ou avec un contrat de travail, mais les jeunes ne comprennent pas, ils n’attendent pas », se désole-t-elle. Veuve, Fatima avait quitté Oued Zem il y a 22 ans, laissant sa fille aînée et son fils avec leur grand-mère. Mais elle leur envoyait de l’argent tous les mois, argent qu’elle gagnait en travaillant comme femme de ménage et nounou, et ne manquait pas de leur rendre visite.

Selon les données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 785 personnes ont disparu ou perdu la vie en mer en tentant de rejoindre les îles Canaries, entre le 1ᵉʳ janvier et le 15 septembre.

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