Maghrébins du Monde

Un sit-in pro-avortement organisé mardi prochain devant le parlement à Rabat

Des poupons seront jetés par terre.

 

Un sit-in pro-avortement sera organisé mardi 25 juin à 15h devant le parlement à Rabat. Initiée par l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC), présidée par le docteur Chafik Chraïbi, cette manifestation vise à interpeller les parlementaires sur l’urgence d’adopter la loi élargissant le droit à l’avortement.

Cela fait en effet trois ans que le conseil de gouvernement a adopté le projet de loi mais le texte n’a toujours pas fini son circuit législatif. “La question sur l’avortement est en cours de discussion actuellement au parlement et j’ai quelques échos disant que les islamistes sont assez réticents”, explique le Dr Chraïbi au HuffPost Maroc.

“Déjà qu’on trouvait insuffisant l’élargissement à trois cas dans lesquels l’IVG sera désormais légal, alors si en plus ils veulent réduire le nombre de cas, ce serait la catastrophe”, estime le médecin.

Pour marquer les esprits lors de ce sit-in pour lequel l’AMLAC essaie de mobiliser “le maximum d’associations et de monde”, les manifestants sont appelés à venir munis de poupées ou poupons sans habits sur lesquels devra être écrit “Article 453” au marqueur, en référence à l’article du code pénal qui punit l’avortement sauf dans le cas où la vie de la mère est en danger.

“Il s’agit de déposer ces poupées par terre dans la rue, devant le parlement pour symboliser ce qui se passe quand ces femmes sont réduites à vivre ce cauchemar d’abandonner un enfant”, écrit le médecin dans un communiqué publié sur sa page Facebook. “Et faire voir à notre pays tout entier ce qu’il se refuse de voir, à savoir ce que notre hypocrisie crée dans notre société.”

Selon Chafik Chraïbi, le retard pris dans l’adoption du projet de loi sur l’avortement est notamment dû au fait que ce projet a été confié à la commission de la justice au lieu de la commission de la santé. “Cette question entre dans le cadre du code pénal alors qu’elle devrait être liée au code de la famille”, souligne-t-il. “C’est pour cela que nous ne sommes pas très optimistes, car ce sera toujours criminalisé”.

Selon le projet de loi adopté en juin 2016 par le Conseil de gouvernement, l’avortement sera autorisé dans trois cas: lorsque la femme est victime de viol ou d’inceste après ouverture d’une enquête judiciaire, lorsqu’elle est atteinte de troubles mentaux, et en cas de malformation foetale.

Actuellement, l’avortement est toujours puni par la loi. Selon le code pénal, une femme qui s’est intentionnellement fait avorter ou a tenté de le faire, ou qui a consenti à faire usage de moyens à elle indiqués ou administrés à cet effet risque une peine de six mois à deux ans de prison et une amende de 500 à 5.000 dirhams.

Si aucune statistique officielle n’existe, entre 600 et 800 avortements clandestins auraient lieu chaque jour dans le royaume selon l’AMLAC.

 

Source :H.P.M

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