Tunisie : Amendement de la loi électorale: Nabil Karoui et Abir Moussi réagissent
Nabil Karoui évoque un "suicide collectif du système" alors que Abir Moussi affirme refuser cette "intimidation".
Le fondateur de Nessma Tv et candidat déclaré à l’élection présidentielle Nabil Karoui a fustigé, mardi, l’amendement de la loi électorale adoptée à l’Assemblée des représentants du peuple, évoquant “un suicide collectif du système”.
Dans un bref commentaire publié sur sa page Facebook, celui-ci a affirmé que le “système gouvernant actuellement” a choisi de “voter pour l’exclusion, contre la constitution et contre les coutumes” en référence aux standards internationaux qui disposent qu’il ne faut pas modifier une loi électorale pendant une année d’élections.
“Cette loi (…) a été créée sur mesure pour me porter atteinte personnellement, mais cela ne m’atteint pas et n’arrêtera la dynamique de notre projet. Notre projet dépasse mon cadre personnel, et concerne des millions de Tunisiens (…) je leur promet que nous allons gagner” a-t-il affirmé avant de conclure en s’adressant aux députés ayant voté pour l’amendement de la loi électorale: “Faites attention, la souveraineté nationale est une ligne rouge et la Tunisie n’est pas à vendre”.
Mardi, l’Assemblée des représentants du peuple a adopté plusieurs amendements à la loi électorale. Parmi elles, des amendements disposant le refus, par l’ISIE, des candidatures, des personnes et liste ayant un discours qui ne respecte pas le régime démocratique et la constitution ou qui fait la promotion des violations aux Droit de l’Homme, ainsi que des amendements interdisant aux candidats à la présidentielle ou aux législatives ayant commis, pendant l’année qui précède les élections, des infractions déjà prévues pour les parties politiques, de pourvoir se présenter.
Parmi les dispositions de la loi régissant les partis politiques se trouve l’article 18 du décret-loi n°2011-87 du 24 septembre 2011 portant organisation des partis politiques, qui interdit l’octroie d’avantages quelconques en numéraire ou en nature au profit des citoyens et citoyennes, ce qui a été fait via l’association “Khalil Tounes”.
De son côté Abir Moussi, présidente du Parti Destourien Libre, a publié une vidéo dans laquelle elle a fustigé ces amendements s’en prenant ouvertement à Ennahdha: “Il faut aujourd’hui faire attention à tout ce qu’on dit (…) Quand par exemple je parle d’islamistes (NDLR: Abir Moussi qualifie Ennahdha par le terme “islamistes” ou “frères musulmans” dans ces interventions) est-ce que j’ai dis des propos discriminatoires? (…)” s’interroge-t-elle expliquant qu’elle mettra en avant les exactions aux Droits de l’Homme commises par le gouvernement actuel et “les frères musulmans” qui le composent.
“Ils pensent que maintenant nous allons changer nos paroles et nos convictions politiques. Notre combat contre eux est un combat politique, d’idées et de valeurs” a-t-elle poursuivi affirmant qu’elle laissera pas cette loi lui faire changer de discours politique.
“Tout ce que nous faisons est légal, et nous nous présenterons aux élections et ils n’arriveront pas à nous exclure, ni à nous faire peur” a-t-elle également déclaré.
Selon le dernier sondage de Sigma Conseil, le parti de Nabil Karoui, non encore officiellement créé est crédité de 29,8% des voix, 13 points de plus que le deuxième, Ennahdha. Derrière, le Parti Destourien Libre, incarné par Abir Moussi apparait comme la troisième force avec 11,3%.
Pour la présidentielle, Nabil Karoui a été crédité par Sigma Conseil de 23,8% d’intentions de vote, Abir Moussi arrive quant à elle troisième, avec 10,8%.