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Projet de loi Rwanda : la compagnie nationale RwandAir refuse de participer aux expulsions depuis le Royaume-Uni

La compagnie nationale RwandAir ne transportera pas les demandeurs d’asile expulsés du Royaume-Uni, d’après une source au ministère de l’Intérieur britannique. Un nouveau pied-de-nez au projet de loi phare du gouvernement, qu’il tente de concrétiser depuis deux ans.

Nouvel accroc dans le projet de loi britannique. RwandAir, la compagnie nationale du Rwanda, ne transportera pas les demandeurs d’asile expulsés du Royaume-Uni vers Kigali. En cause ? « Des dommages potentiels pour son image de marque », a fait savoir une source au ministère de l’Intérieur britannique citée par la presse britannique. Une situation « ironique », a-t-elle souligné, alors que le gouvernement rwandais, lui, se dit « fier » de ce projet.

La même source a également exclu l’idée d’engager un avion de la Royal Air Force pour transporter les demandeurs d’asile, affirmant que cela coûterait « très cher ».

RwandAir, qui dépend du gouvernement rwandais, a été approchée par Londres fin 2023, pour organiser les vols d’évacuation de la Grande-Bretagne vers le Rwanda. Déjà présente au Royaume-Uni depuis un an, la compagnie aérienne lancera par ailleurs des vols commerciaux quotidiens entre l’aéroport de Londres Heathrow et Kigali à la fin du mois d’avril.

« Plus de vols » vers Kigali

L’expulsion des migrants vers le Rwanda est le projet phare du Premier ministre britannique Rishi Sunak pour lutter contre l’immigration irrégulière. Une nouvelle fois, le sujet a été au cœur de ses discussions avec le président Paul Kagamé, à Londres, mardi 9 avril. Tous deux ont affirmé « attendre avec impatience » le décollage des vols pour le Rwanda « au printemps ».

Le même jour, l’ONG Freedom from Torture lançait une campagne visant à dissuader des compagnies aériennes de participer à des renvois vers le Rwanda, une politique « cruelle » selon elle. À la suite de cette campagne, la compagnie AirTanker, partenaire du ministère de la Défense impliqué dans le projet d’expulsion en 2022, a reçu des milliers de mails lui demandant de ne pas participer aux expulsions.

Une stratégie qui a déjà fait ses preuves : Privilege Style, basée à Majorque en Espagne, s’est retirée du programme après avoir reçu de nombreux courriers, sous l’impulsion de Freedom from Torture. La compagnie avait été initialement engagée par le ministère de l’Intérieur pour opérer des vols vers Kigali en 2022.

Après la décision de la Cour suprême invalidant le projet d’expulsions en novembre 2023, Privilege Style avait fait savoir qu’elle « n’opérerait plus de vols vers le Rwanda à l’avenir ».

Près de 3 500 pour s’installer au Rwanda

Pour mettre à profit son projet coûte que coûte, Londres ne lésine pas sur les moyens. D’après un document consulté par le Times, le ministère de l’Intérieur prévoir de rémunérer à hauteur de 3 500 euros chacun les exilés qui, de manière volontaire, souhaitent être délocalisés au Rwanda. Est éligible tout exilé débouté du droit d’asile au Royaume-Uni, et qui ne peut retourner dans son pays d’origine. Les demandeurs d’asile relocalisés seront par ailleurs autorisés à travailler légalement au Rwanda.

Les demandeurs d’asile déboutés recevront « un soutien des autorités rwandaises » pour une période allant jusqu’à cinq ans, notamment pour le logement.

Le projet de loi, réécrit à la suite d’une visite du ministre de l’Intérieur James Cleverly au Rwanda en décembre 2023, est de nouveau en discussion au Parlement. Depuis plusieurs mois, les députés s’écharpent sur la faisabilité de la loi, notamment sur la mesure qui présente le Rwanda comme un « pays sûr » pour les demandeurs d’asile. Mercredi 20 mars, le traité a une nouvelle fois été retoqué par la Chambre des Lords, qui y ont apporté sept amendements.

Le texte doit donc de nouveau être examiné par la Chambre des Communes, le 15 avril prochain.

 

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