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Les vaccins aident à lutter contre l’épidémie de choléra au Malawi

Fin 2022,le personnel du centre de santé de Tukombo, à un jet de pierre des rives du lac Malawi, était débordé. La petite structure, située dans le Nord du Malawi, avait été reconvertie en centre de traitement du choléra pour gérer les centaines de patients à mesure que le nombre de cas augmentait pendant la pire épidémie de choléra que le pays a connu.

Au pic de la vague d’infections dans la zone de Tukombo, dans le district Nkhata Bay, cela représentait 60 % des 1500 cas enregistrés dans la région nord du pays. « Nous avons dû doubler le temps de travail. C’était une situation très stressante », se souvient Dyson Tchuwa, un assistant de surveillance de santé au centre de Tukombo.

L’activité du centre est désormais quasiment revenue à la normale après ces semaines agitées, grâce à la campagne de vaccination menée en novembre 2022 qui a aidé à endiguer la vague d’infections.

Depuis le début de l’épidémie de choléra au Malawi en 2022, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appuyé le pays à obtenir 4,9 millions de doses de vaccins oraux contre le choléra du Groupe international de coordination – l’instance qui gère l’approvisionnement en vaccins dans les situations d’urgence – avec un financement de Gavi, l’alliance du vaccin. A ce jour, les vaccins ont été déployés dans 21 des 29 districts du Malawi. En mai et juin 2022, quelques 1,95 million de doses ont été administrées lors d’une campagne dans neuf des districts les plus affectés, dans le sud du pays. Un second lot de 2,9 millions de doses est arrivé en octobre et l’OMS et l’UNICEF ont soutenu une campagne de vaccination dans 14 districts supplémentaires. Dans le district Nkhata Bay, le nombre de nouveaux cas est passé de 381 en octobre 2022 à seulement 43 en décembre 2022.

Pour les deux campagnes, une seule dose a été administrée au lieu de deux, du fait de la pénurie mondiale en vaccins oraux contre le choléra.

« Je connais la face obscure du choléra »

« J’ai presque perdu la vie », raconte Chinula, un pécheur de Tukombo, en montrant son certificat de vaccination. « J’ai passé cinq jours à l’hôpital à lutter pour ma vie. Je connais la face obscure du choléraet c’est pour cela que je suis heureux que le vaccin soit disponible dans ma zone. »

Depuis mars 2022, le Malawi a enregistré 44 500 cas et près de 1440 décès. Les premiers cas de choléra ont été signalés dans le sud du pays après des inondations. Dix districts étaient affectés en juillet 2022. La maladie s’est ensuite rapidement propagée au nord du pays et, à la fin du mois d’octobre 2022, l’ensemble des 29 districts étaient affectés. Le gouvernement a déclaré l’épidémie comme étant une urgence de santé publique le 5 décembre 2022.

Le choléra est une infection intestinale sévère qui se déclenche lorsqu’une personne consomme des aliments ou de l’eau contaminés par la bactérie Vibrio cholerae. Sans traitement, le choléra peut tuer en quelques heures. Les personnes vivant avec un mauvais assainissement et de l’eau non potable sont les plus à risque.

« La tendance de l’épidémie de choléra a changé considérablement dans la région du sud après la campagne de vaccination orale, et cela a aidé le gouvernement à se concentrer sur d’autres aspects de la reconstruction du système de santé après les inondations », explique le Dr Charles Mwansambo, Secrétaire d’État pour la santé au Ministère de la Santé. À Nsanje, l’un des districts les plus affectés du sud du pays, le nombre de nouveaux cas de choléra a chuté, passant d’une moyenne quotidienne de dix à trois cas entre mai et décembre 2022. Malgré la saison des pluies, pendant laquelle une forte hausse du nombre de cas a été signalé dans de nombreux districts, Nsanje a continué à enregistrer peu de cas.

La vaccination contre le choléra est essentielle pour contrôler une épidémie mais doit être accompagnée de mesures pour s’attaquer aux facteurs déclenchant la maladie. Au Malawi, le nombre de cas continue d’augmenter dans de nombreux districts, parmi lesquels certains où l’on n’enregistre pas de cas de choléra habituellement, alors que la saison des pluies se poursuit.

Des interventions multisectorielles

« La vaccination orale contre le choléra doit être utilisée en conjonction avec des améliorations dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement pour contrôler les épidémies de choléra et pour la prévention dans des zones ciblées et connues pour être à haut risque pour le choléra », a déclaré la Dre Neema Kimambo, Représentante de l’OMS au Malawi. « Nous continuerons à discuter avec les partenaires et les donateurs pour nous assurer que, dans le cas d’un besoin de doses de vaccins contre le choléra, nous sommes préparés et pouvons soutenir le Ministère de la Santé de façon adéquate. »

Une forte hausse du nombre d’épidémies de choléra dans le monde a asséché l’approvisionnement en vaccins contre le choléra, poussant le Groupe international de coordination à suspendre temporairement le schéma de vaccination à deux doses lors des campagnes de riposte aux épidémies de choléra, et à privilégier une approche avec une seule dose.

« Le vaccin est un outil supplémentaire pour la riposte et, en son absence, nous devons travailler avec le Ministère de la Santé et les partenaires pour employer des interventions multisectorielles afin de contrôler efficacement le choléra », a ajouté la Dr Kimambo.

À Tukombo, où l’assistant en surveillance sanitaire Tchuwa et ses collègues ont fourni des efforts considérables pour vacciner la population, la lutte n’est pas terminée. « Mis à part la vaccination, nous avons intensifié la distribution de chlore aux foyers pour la purification de l’eau et nous discutons avec les villages de pêcheurs à propos de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement pour nous assurer de contenir l’épidémie de choléra. »

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