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La Slovaquie va déployer 500 soldats à sa frontière avec la Hongrie

Le Premier ministre slovaque a annoncé mercredi le déploiement de 500 soldats à la frontière avec la Hongrie. La Slovaquie voit arriver de plus en plus de migrants venus du pays voisin. Depuis le début de l’année, plus de 27 000 exilés ont été arrêtés à la frontière, un chiffre multiplié par neuf par rapport à 2022, selon les autorités.

À quelques semaines des élections législatives en Slovaquie, la question migratoire est au cœur des débats. Depuis plusieurs jours, la colère monte dans les petites villes du sud du pays, près de la frontière avec la Hongrie. La région voit arriver de plus en plus de migrants venus du pays voisin, majoritairement des personnes originaires de Syrie, qui passent quelques nuits dans des parcs ou des terrains de sport avant de reprendre leur route.

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, le nombre d’exilés interpellés dans la zone frontalière a été multiplié par neuf cette année, pour atteindre 27 000 personnes depuis janvier. Cette hausse des arrivées intervient quelques semaines après la libération par la Hongrie voisine de 1 400 passeurs. « Ces migrants étaient auparavant en Hongrie. Le fait est qu’ils parviennent [à atteindre la Slovaquie] sans aucun problème », a déclaré la présidente Zuzana Caputova.

Mercredi 6 septembre, le Premier ministre slovaque, Ludovit Odor, a tenté de contenir cet afflux en annonçant le déploiement de centaines de militaires à la frontière slovaquo-hongroise. Jusqu’à la fin de l’année au moins, ce sont 500 soldats qui patrouilleront aux côtés des policiers pour surveiller la région et aider à l’enregistrement des migrants.

Si certains espéraient la construction d’un mur entre les deux pays, ce n’est pas à l’ordre du jour, d’après le président de la police slovaque. « On nous reproche souvent de ne pas fermer entièrement la frontière avec la Hongrie. Les 655 km ne peuvent tout simplement pas être fermés », estime-t-il. « Les Hongrois, par exemple, ne sont même pas en mesure de sécuriser les 175 km dont ils disposent avec la Serbie malgré une double clôture, des capteurs de mouvements et des caméras ».

De son côté, le Premier ministre a rappelé que la Slovaquie n’était qu’une étape sur la route des exilés, désireux d’atteindre d’autres pays comme l’Allemagne ou l’Autriche. « Je voudrais assurer aux citoyens que nous parlons toujours de migration de transit », a-t-il insisté.

« Conditions inhumaines » dans les centres d’urgence

En plus du déploiement des soldats, Ludovit Odor a demandé à son gouvernement d’améliorer les conditions de vie dans les centres d’hébergement d’urgence. Les migrants attendent des jours dans ces structures, en attendant d’être enregistrés par la police. Avec l’augmentation du nombre d’exilés, la machine se grippe et ils doivent patienter plus longtemps dans les camps. Les autorités ont ouvert des structures à la hâte, mais elles ne sont pas équipées pour prendre en charge autant de personnes, aussi longtemps.

Le centre de Velky Krtis, petite ville à une dizaine de kilomètres de la frontière hongroise, en fait l’amère expérience. Le district a même déclaré l’état d’urgence le 1er septembre pour faire face à cet afflux inédit.

Mercredi matin, environ 750 exilés étaient entassés dans la structure, entourée de barbelés, en attendant d’être enregistrés par la police. Une partie d’entre eux ont été transférés dans d’autres régions du pays mais la situation dans le centre reste problématique.

« Ces personnes sont placées [dans le centre, ndlr] dans des conditions inhumaines », avait alerté début septembre dans la presse locale le chef de la police de Velky Krtis, Marian Balko. Sur ce site, un hangar de production industriel, les exilés dorment pas terre, ils n’ont pas accès à des douches, les sanitaires sont des toilettes de chantier, la nourriture et l’eau potable n’étaient jusque-là pas distribuées en nombre suffisant. Depuis mercredi, les autorités, en collaboration avec la Croix-Rouge slovaque, fournissent des repas et de l’eau aux migrants trois fois par jour. Une mesure nécessaire, mais loin d’être suffisante.

« Les gens n’ont rien à faire là. Il y a des personnes dehors, près de la clôture, d’autres à l’intérieur. On les entend crier ‘pas de nourriture, pas de nourriture’. Cela fait froid dans le dos. J’en ai vu des choses mais jamais à ce niveau-là. [Ce camp] n’a rien à voir avec un pays civilisé », signale Marian Balko.

Et les autorités locales redoutent un drame. Pour se réchauffer la nuit, les exilés allument des feux de camp, qui pourraient s’étendre à l’usine de bois située juste à côté du site.

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