France : quatre passeurs devant la justice pour avoir fait passer une centaine de migrants en Angleterre à l’arrière de camions
Quatre hommes d’une vingtaine d’années ont été présentés vendredi devant le tribunal judiciaire de Tours, selon Ouest France. Ces Kurdes irakiens sont suspectés d’avoir fait passer une centaine de migrants vers l’Angleterre en se cachant dans des camions.
Ils faisaient monter des migrants désireux de rejoindre le Royaume-Uni dans des camions frigoriques stationnés sur des aires d’autoroute françaises. Quatre passeurs ont comparu vendredi 16 février devant le tribunal judiciaire de Tours, en Indre-et-Loire, indique le quotidien régional Ouest France. Ces Kurdes d’Irak sont accusés d’aide au séjour irrégulier en bande organisée et d’associations de malfaiteurs.
Deux d’entre eux ont été interpellés dans un appartement d’Ile-de-France et deux autres sur une aire d’autoroute du Pas-de-Calais. Ils ont été placés en détention provisoire en attendant leur procès prévu le 27 mars.
L’enquête a débuté en octobre dernier après la découverte de migrants par un chauffeur à l’arrière de son camion garé sur l’aire de Fontaine-Colette, sur l’autoroute A10 au sud de Tours. Les passeurs agissaient de nuit, pour plus de discrétion.
Pendant plusieurs mois, l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim) de Rennes et de Lille a mené des investigations. Les enquêteurs ont découvert que le groupe opérait principalement sur l’aire de Sarthe-Touraine, sur l’autoroute A28. Au moins 25 actions nocturnes ont été recensées d’octobre 2023 à février 2024.
Les passeurs ouvraient les camions, regardaient les étiquettes de destination de la marchandise et les chargeaient de migrants. Les trafiquants faisaient payer entre 5 000 et 6 000 euros par personne le passage vers l’Angleterre.
Six migrants transportés en urgence à l’hôpital
Si les exilés tentent de plus en plus de rallier les côtes britanniques en traversant la Manche sur des embarcations précaires, se cacher à l’arrière d’un poids-lourds reste une méthode très empruntée. Et les risques sont tout aussi importants.
Vendredi 16 février, six migrants ont été transportés en urgence à l’hôpital après avoir été retrouvés dans un camion dans le port de Newhaven, dans le sud de l’Angleterre. Le véhicule avait transité par Dieppe, dans le nord de la France.
Selon le journal local Paris Normandie, les exilés se trouvaient derrière une paroi leur permettant de se dissimuler, dans un camion frigorifique. « Ceux qui étaient en dessous étaient les plus mal en point. Ils suffoquaient et frappaient sur les parois. C’est semble-t-il ainsi qu’ils ont été repérés », rapporte au quotidien un passager du ferry Seven Sisters dans lequel ont été retrouvés les migrants.
Parfois, les traversées par camion peuvent entraîner des drames. Le 27 janvier, le corps d’un exilé africain avait été retrouvé à l’arrière d’un poids-lourd, dans la zone logistique Transmarck, située entre le port de Calais et l’Eurotunnel, qui dessert notamment le Royaume-Uni. La victime, cachée dans le fond de la remorque, avait été transpercée par des barres métalliques « qui se seraient décrochées lors d’un freinage », décrivait la Voix du Nord.
En mer aussi, les accidents se multiplient. Dans la nuit du 13 au 14 janvier, cinq personnes sont mortes noyées dans une eau à 9 degrés alors qu’elles tentaient de rejoindre une embarcation en partance pour le Royaume-Uni. Au total en 2023, 12 migrants ont perdu la vie en tentant de traverser la Manche, selon la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord (Premar).
