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Allemagne : le combat desespéré du Vietnamien Pham Phi Son

L’expulsion semble désormais imminente pour une famille vietnamienne dont le père, Pham Phi Son, vit en Allemagne depuis 35 ans. Leur nouvelle tentative d’obtenir un permis de séjour a encore échoué.

Pham Phi Son, originaire du Vietnam, a passé la plus grande partie de sa vie en Allemagne. Lui, sa compagne et leur fille Emilia risquent d’être expulsés à tout moment. Emilia a six ans. Elle est née en Allemagne et est sur le point d’être scolarisée.

Dans le Land de Saxe, dans l’est de l’Allemagne, une commission qui examine les dossiers de personnes ayant épuisé toutes les options pour obtenir un droit de résidence vient de rejeter l’ultime demande de séjour de Pham Phi Son.

« Je suis très triste », se désole-t-il dans les colonnes du journal Volksstimme. Il craint désormais que les autorités viennent le chercher à son domicile pour l’expulser, selon le journal.

Ce n’est pas la première fois que cette commission examine son cas. Les demandes de Pham Phi Son ont été rejetées en 2019 et l’an dernier.

Une pétition adressée au Parlement régional de Saxe en août dernier contre l’expulsion de la famille a recueilli près de 85 000 signatures.

Pham Phi Son est arrivé dans l’ex Allemagne de l’Est (RDA) en 1987 en tant que travailleur immigré. Contrairement à des milliers d’autres personnes qui sont retournées au Vietnam après la chute du mur de Berlin deux ans plus tard, Pham Phi Son est resté en Saxe.

Les travailleurs immigrés restés en Allemagne après la réunification allemande ont notamment eu des difficultés à trouver un nouvel emploi et un logement. Beaucoup ont été victimes de violences racistes.

Des Vietnamiens, anciens travailleurs immigrés de la RDA, manifestent pour obtenir un permis de séjour permanent en Allemagne en 1995  

Au cours des derniers mois, la famille a redoublé d’effort pour obtenir le droit de rester en Allemagne. Les deux parents disposent d’un emploi stable à Chemnitz. La compagne de Pham Phi Son suit désormais des cours de langue allemande.

« L’expulsion ne les arracherait pas seulement à leur vie, elle traumatiserait également leur fille qui est née en Allemagne », a expliqué Dave Schmidtke, porte-parole du Conseil des réfugiés de Saxe, ajoutant qu’Emilia, qui doit commencer à aller à l’école cette année, n’a jamais été au Vietnam.

La menace d’expulsion de la famille intervient alors que le Premier ministre de la région de Saxe, Michael Kretschmer, s’est prononcé en faveur de la venue d’un plus grand nombre de travailleurs qualifiés en provenance de l’Inde ou du Vietnam, alors que l’Allemagne manque cruellement de main d’oeuvre. Il a également appelé à renforcer les liens avec les travailleurs immigrés de l’ex RDA.

Emiliano Chaimite, co-directeur d’une organisation qui chapeaute un certain nombre d’ONG de défense des migrants en Saxe, qualifie ces déclarations du Premier ministre de « cyniques ».

Il estime que le pouvoir régional refuse de reconnaître la contribution de ceux qui sont venus en Allemagne comme travailleurs immigrés avant la chute du mur de Berlin.

« Beaucoup de personnes comme Pham Phi Son ont accompli et enduré beaucoup de choses ces dernières années. En tant que société, nous avons le devoir de reconnaître les contributions de ces personnes et aider ceux qui font partie de notre société depuis longtemps », explique Emiliano Chaimite.

Selon le commissaire à l’immigration de Saxe, Geert Mackenroth, Pham Phi Son pourrait encore tenter d’obtenir le nouveau droit de résidence permanent crée récemment pour les migrants « intégrés ». Ce droit de séjour de 18 mois est connu sous le nom de Chancen-Aufenthaltsrecht, et s’adresse aux personnes disposant de la Duldung, qui est une sorte de « résidence tolérée » en Allemagne pour les personnes dont la demande d’asile a été rejetée mais qui ne peuvent être expulsées pour diverses raisons.

Dave Schmidtke, du Conseil des réfugiés de Saxe, estime qu’il s’agit d’ »une moquerie à l’égard de la famille et de toutes les personnes concernées ». Il compte toutefois continuer à examiner toutes les options juridiques.

 

 

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