Création d’un fonds pour financer une exploitation minière adaptée à l’action climatique
ALGER – La Banque mondiale (BM) a crée un nouveau fonds pour financer une exploitation minière en appui à la transition énergétique, a-t-elle annoncé dans un communiqué publié jeudi sur son site web.
Baptisé « Mécanisme pour une exploitation minière adaptée à l’action climatique », l’institution monétaire internationale a affirmé qu’il s’agit du « premier instrument au monde ayant vocation à soutenir une exploitation minière adaptée à l’action environnementale et durable ».
« Le mécanisme contribuera à introduire des pratiques durables d’extraction et de transformation des minéraux et des métaux entrant dans les technologies utilisées pour les énergies propres, comme l’éolien, le solaire ou les batteries destinées au stockage d’énergie et aux véhicules électriques », a-t-elle expliqué.
Le fonds s’attachera à aider les pays en développement riches en ressources à profiter pleinement d’une hausse de la demande de produits miniers tout en veillant à ce que la gestion du secteur de l’extraction minimise l’empreinte environnementale et climatique.
La création de ce mécanisme procède directement d’un rapport de la Banque mondiale, intitulé » The Growing Role of Minerals and Metals for a Low-Carbon Future », qui concluait qu’un avenir décarboné serait beaucoup plus vorace en minéraux qu’anticipé dans un scénario de maintien du statu quo », a-t-on précisé.
Selon ce rapport, la demande mondiale de « minéraux stratégiques » lithium, graphite et nickel notamment va littéralement exploser d’ici 2050, avec des hausses de respectivement 965, 383 et 108%.
« Si cette évolution de la demande de minéraux et de métaux ouvre de réelles perspectives pour les pays en développement riches en ressources, elle s’accompagne aussi de nouveaux défis : sans pratiques d’extraction respectueuses du climat, les effets négatifs de cette activité iront croissant, au détriment des communautés vulnérables et de l’environnement », ont prévenu les auteurs du rapport.
Soulignant les missions de ce fonds fiduciaire multi-donateurs, la BM a assuré qu’il accompagnera les pays en développement et les économies émergentes pour la mise en œuvre de stratégies et de pratiques durables et responsables dans l’ensemble de la filière.
Le gouvernement allemand et les entreprises privées Rio Tinto et Anglo American font partie de ses partenaires.
Le mécanisme aidera par ailleurs les gouvernements à installer un cadre politique, réglementaire et juridique solide pour promouvoir une exploitation minière adaptée à l’action climatique et créer les conditions propices à des investissements privés.
Pour une intégration optimale des énergies renouvelables dans les opérations minières
Le fonds soutiendra l’intégration des énergies renouvelables dans les opérations minières, sachant que le secteur extractif représente 11% de l’utilisation énergétique totale dans le monde et que les exploitations minières dans des zones reculées fonctionnent souvent au diesel ou au charbon.
Le fonds appuiera également les projets favorisant l’utilisation stratégique des données géologiques afin de repérer les sites associés aux « minerais stratégiques ».
Il encouragera par ailleurs la pratique d’une exploitation minière respectueuse des forêts, pour prévenir la déforestation et soutenir les pratiques d’utilisation durable des terres ou la reconversion des anciens sites miniers.
De même que les projets pour le recyclage des minéraux, en aidant les pays en développement à se convertir aux principes de l’économie circulaire et réutiliser ces produits d’une manière respectueuse de l’environnement.
Le directeur principal et chef du pôle Energie et industries extractives à la Banque mondiale, Riccardo Puliti, a affirmé que la Banque soutient une transition décartonnée dès que l’activité minière respecte le climat et s’appuie sur des filières durables et propres, en estimant que les pays en développement avaient un rôle décisif à jouer dans cette transition, en exploitant les minéraux stratégiques sans nuire aux communautés, aux écosystèmes ni à l’environnement.
« Les pays dotés de minéraux stratégiques disposent ainsi d’une occasion idéale pour profiter de la transition mondiale vers les énergies propres », a-t-il soutenu
La Banque mondiale a prévu d’investir au total 50 millions de dollars sur une période de cinq ans.
Le mécanisme privilégiera les activités autour de quatre axes centraux : atténuation du changement climatique, adaptation au changement climatique, réduction des conséquences matérielles, et création de débouchés pour contribuer à la décarbonisation et la réduction des impacts tout au long de la chaîne de valeur des minéraux indispensables aux technologies utilisées dans les énergies propres.