En Espagne, un appel urgent pour répartir les jeunes migrants

Face à la saturation des centres d’accueil aux Canaries, Amnesty International exhorte le gouvernement espagnol à adopter un projet de loi pour répartir les jeunes migrants dans toutes les régions. Cette réforme, débattue depuis plusieurs mois, est devenue une priorité.
Amnesty International tire la sonnette d’alarme
Dans un communiqué publié le 16 janvier, Amnesty International demande une action rapide. L’ONG critique l’inaction des administrations régionales qui, selon elle, « n’ont pas assumé leur responsabilité » en matière d’accueil, en violation des traités internationaux.
L’organisation demande un plan de répartition « contraignant, obligatoire et équitable » pour garantir un accueil adapté à tous les mineurs. Elle alerte également sur la surpopulation des centres aux Canaries, où 82 structures dépassent largement leur capacité.
Un débat politique dans l’impasse
Depuis des mois, les discussions sur la répartition des migrants divisent la classe politique espagnole. Le gouvernement socialiste propose de réformer la loi Immigration. Cette réforme obligerait les régions à accueillir les mineurs lorsque des zones comme les Canaries dépassent 150 % de leur capacité.
Cependant, les négociations sont bloquées. En octobre, le Parti populaire (PP) a quitté la table des discussions, freinant la réforme. Fernando Clavijo, président des Canaries, réclame une reprise des pourparlers. Il appelle à une « grande coalition » entre le PSOE et le PP pour résoudre cette crise.
Des arrivées records et des besoins criants
En 2024, près de 47 000 migrants ont débarqué aux Canaries, dont près de 7 000 mineurs. Les centres d’accueil, conçus pour 2 000 personnes, hébergent actuellement près de 6 000 jeunes.
Ceuta, autre région fortement touchée, connaît une situation similaire. Cet été, la ville enregistrait une surpopulation de 470 % dans ses structures d’accueil.
Des conditions de vie déplorables
La saturation des centres aggrave les conditions de vie des jeunes migrants. Selon l’Unicef, « les droits des enfants ne sont pas respectés » aux Canaries. Ces jeunes, souvent en mauvaise santé après un voyage éprouvant, ont besoin d’espaces sûrs et de soins adaptés.
Pour le pédiatre Abián Montesdeoca, une répartition nationale améliorerait la prise en charge et l’intégration des mineurs. « Un pays comme le nôtre doit être capable d’offrir un accueil digne », souligne-t-il.