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La question du français dans les universités algériennes est secondaire, selon ce ministre

«Le plus important ce n’est pas la langue d’enseignement, mais la qualité de l’enseignement», a déclaré lors d’un point presse le ministre algérien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, répondant à une question sur le remplacement du français par l’anglais à l’université.

L’actuel ministre algérien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le professeur Chams Eddine Chitour, affirmé contrairement à son prédécesseur Tayeb Bouzid que la question du choix de l’enseignement en français ou en anglais à l’université n’est pas sa façon de voir les choses.

«Le plus important ce n’est pas la langue d’enseignement, mais la qualité de l’enseignement», estime M.Chitour, qui ajoute qu’une fois cette mission accomplie se posera la question du choix de la langue d’enseignement.

La vision de l’ex-ministre

Après la polémique née d’un sondage sur le remplacement de la langue française par la langue anglaise dans les universités algériennes, l’ex-ministre Tayeb Bouzid a affirmé le 8 juillet à Constantine la volonté de son ministère de consolider l’utilisation de l’anglais dans les recherches scientifiques.

Le responsable avait alors souligné que «l’adoption de l’anglais dans la recherche permet une meilleure visibilité des travaux des chercheurs». Il avait également soutenu que cette démarche, qui appuie l’étape de la validation de la recherche, était «un passage indispensable qui transforme l’expérience accomplie au laboratoire en fait scientifique», précisant que la mesure ne concerne que quelques spécialités et classes doctorales.

Les avis de deux scientifiques de poids

 

Le Professeur Belgacem Haba, PhD en physique appliquée de l’Université de Stanford et titulaire de plus de 500 brevets d’inventions aux États-Unis, affirme dans un enregistrement publié sur les réseaux sociaux que l’anglais est plus approprié pour la recherche scientifique et technologique.

Ainsi, ce cadre supérieur de Google Data Center Platform souligné qu’il «maîtrise le français et l’anglais. Toutefois, jamais dans ma carrière de chercheur je n’ai utilisé le français». «Une fois, je me suis rendu en France pour animer une conférence. Les organisateurs m’ont demandé de la faire en anglais», raconte-t-il. Dans le même sens, M.Haba explique qu’«il ne s’agissait pas d’éliminer une langue par une autre», bien au contraire. Il faudrait encourager le multilinguisme, car la langue n’est qu’«un outil de travail».

Pour sa part, le professeur Abderrazak Dourari, spécialiste en linguistique, considère dans un entretien accordé au site d’information Tout sur l’Algérie (TSA) que «cette problématique qui est posée aujourd’hui est vraiment malvenue». «Nous n’avons pas d’enseignants, on les forme de moins en moins», explique-t-il, précisant que «le département d’anglais [de l’Université d’Alger, ndlr] a été bloqué pendant plus de deux ans à cause justement d’un manque d’enseignants».

Pour le spécialiste, «les Algériens, et en particulier les universitaires, manquent de maîtrise de toutes les langues». «Il est urgent que l’universitaire à ce niveau-là maîtrise l’arabe, le français, l’anglais et peut-être même l’espagnol», insiste-t-il, affirmant qu’il «n’était pas normal qu’un universitaire soit un monolingue».

L’anglais dans l’Université française

 

Depuis 2015, la loi française sur l’enseignement supérieur et la recherche autorise l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur en France, y compris les universités, à proposer des formations en anglais.

Selon le site de l’agence Campus France, les formations suivies entièrement ou partiellement en anglais «ont augmenté de plus de 50% depuis 2014: elles sont aujourd’hui 1.328». «Et les universités sont de plus en plus nombreuses à proposer des formations enseignées en anglais; elles suivent progressivement le chemin déjà pris, avant 2015, par les grandes écoles et les établissements privés», informe le même site.

Ainsi, Campus France explique que «la possibilité d’étudier en anglais […] fait partie des raisons qui expliquent l’augmentation croissante des étudiants étrangers qui choisissent la France et le maintien de notre pays à la 4e place des destinations les plus plébiscitées, derrière les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie».

 

 

Par Kamal Louadj

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