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Tunisie-La consommation de cannabis chez les 15-17 ans a été multipliée par 4 entre 2013 et 2017: La solution dans la légalisation?

La consommation d'ecstasy a quant à elle été multipliée par 7.

Entre 2013 et 2017, la consommation de cannabis a été multipliée par 4 chez les 15-17 ans. C’est ce qu’a annoncé, jeudi, docteur Nabil Ben Salah, directeur de la commission nationale de la prévention des addictions au ministère de la Santé.

En marge d’une journée d’étude sur ce thème, il a en outre ajouté que “la consommation d’ecstasy a été multiplié par 7” pour cette tranche d’âge.

Face à ce constat, le ministère de la Santé a mis en place plusieurs stratégies de prévention à l’addiction à ces drogues a annoncé pour sa part, Mounir Sboui, le directeur des études et de la planification au ministère: “Il y a un premier travail de prévention qui est fait pour ne pas laisser les gens aller vers l’addiction. Le deuxième consiste à aider ces personnes à arrêter la consommation, et enfin le troisième consiste à mettre un terme aux maladies liées à la consommation de drogues”.

“Il y a des lois qu’on doit modifier mais il y a aussi un immense travail à faire dans les écoles, les universités, les cafés, la rue…” a-t-il également affirmé félicitant le travail fait par l’État tunisien, notamment à travers l’ouverture des centres pour soigner les addictions.

“Le centre de Jebal El Ouest a ouvert récemment, il y en a un autre à Thyna à Sfax. J’espère que d’ici la fin de l’année 2019 d’autres centres ouvriront comme celui de Jendouba dont le projet avance” a-t-il conclu.

La solution dans la légalisation?

En Tunisie, un parti politique a fait de la légalisation du cannabis sont cheval de bataille. Porté par Kais Ben Halima, “le parti de la feuille” (“Hezb el warka”), estime que la légalisation du cannabis permettra de faire baisser la consommation.

Selon Ben Halima, l’Etat tunisien, faute de budget, n’est pas en mesure de fournir aux plus des infrastructures culturelles et sportives de proximité. Alors, dans les régions les plus oubliées, la consommation de cannabis peut atteindre 90% de la jeune population, entre 12 et 18 ans.

Pour lui, la légalisation est aussi une “occasion en or vert” pour l’économie tunisienne: “Prenons tout d’abord le cas du Colorado, où le cannabis est légal depuis 2014 et où sa production, sa consommation et sa commercialisation sont strictement encadrées. Selon une étude de VS Strategies (2017), le Colorado a collecté 506 millions de dollars de taxes en trois ans. Des rentrées records qu’ils ont investit dans des projets culturels, dans le but de, justement, réduire la consommation” a-t-il indiqué.

Outre les taxes à la consommation, le chanvre industriel (Cannabis Sativa) peut être transformé et servir à dynamiser les secteurs géants de l’économie. Une matière recyclable qui peut remplacer le coton, le plastique, le bois, etc. dans le respect total de l’environnement. Le chanvre industriel c’est aussi un carburant écologique. Et c’est sans parler de l’industrie papetière et de l’industrie pharmaceutique.

Selon le Collectif pour la légalisation du cannabis qui a présenté un projet de loi dans ce sens à l’Assemblée des représentants du peuple, la légalisation pourrait contribuer à réaliser 5 points de croissance économique.

“Cela aura un impact direct sur le marché de l’emploi” estime-t-il, en créant directement 50.000 emplois et indirectement près de 100.000 emplois.

“Avec cette loi, nous pouvons fermer la porte au marché parallèle, au marché non réglementé” avait affirmé Karim Chair, membre du collectif à la radio Shems Fm.

Faire face à la réalité du terrain

Karim Chair a expliqué que ce projet de loi vise également à faire face à une réalité vécue par de nombreux tunisiens: “En 2004, il y avait 700 personnes emprisonnés pour consommation de cannabis. En 2016, ils étaient 7000. Le chiffre a été multiplié par 10”.

Ces chiffres, en plus de démontrer que la consommation de cannabis touche de plus en plus de Tunisiens, montre également “une approche sécuritaire qui a mis des milliers de jeunes tunisiens en prison, sans résoudre le problème”.

“Nous avons un million de consommateur de cannabis en Tunisie, dont 400.000 en état de dépendance. Cela montre, un échec cuisant de l’approche sécuritaire” face à ce phénomène, décrit-il, sans compter les dangers sanitaires engendrés par la consommation de cannabis, parfois, impropre à la consommation: “Cela a donné lieu à des cas extrêmement dangereux à cause de l’absence de contrôle du cannabis, qui est parfois mélangé à des produits mortels”.

Pour lui, l’absence d’un marché contrôlé du cannabis favorise le crime organisé: “Il y a aujourd’hui des gens qui se font la guerre pour le marché du cannabis dans les quartiers populaires, il y a des gens qui meurent à cause de ça!” a-t-il déploré, faisant également le lien avec la corruption.

“C’est 1500 milliards qui sont dans la nature et qui vont aux barons de la contrebande qui financent avec les campagnes électorales de certains partis politiques”, sans compter, selon lui, le financement du terrorisme.

“L’interdiction du cannabis en Tunisie a mené à de graves catastrophes” a-t-il conclu.

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