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Index 2020 de l’innovation: le classement «biaisé» de l’Algérie

L’Algérie a fait son entrée pour la première fois dans l’index de l’innovation 2020 de l’agence Bloomberg à la 49e place mondiale. Elle dépasse ainsi des économies à la réputation confirmée comme l’Inde (54e) ou l’Afrique du Sud (50e). Un classement qui ne semble pourtant pas répondre à la réalité algérienne en matière d’innovation.

L’Algérie fait partie des 50 économies les plus innovantes du monde. C’est en tout cas ce qui ressort du «Bloomberg innovation index 2020» rendu public le 18 janvier dernier par l’agence américaine d’information financière et d’intelligence économique Bloomberg.

«Quatre économies sont entrées pour la première fois dans l’Indice de l’innovation: l’Algérie –qui a fait des débuts particulièrement forts au 49e rang– ainsi que l’Égypte, le Kazakhstan et Macao», note l’agence américaine dans la présentation de ce classement.

En Algérie, la nouvelle a suscité de la fierté, certes, mais surtout de l’étonnement. Comment un pays qui traverse une grave crise politique et économique peut-il se retrouver dans le top 50 des nations les plus innovantes? Sputnik a posé la question à l’économiste Souheil Guessoum.

«L’indice annuel de Bloomberg est basé sur sept critères. L’un de ces critères prend en considération le ratio chercheurs/population. Dans les universités algériennes, toute personne qui est inscrite en magistère ou en doctorat a le statut de chercheur, mais en définitive cela n’aboutit que rarement à des brevets. Le nombre de doctorants et d’étudiants en magister étant très important, cela a pour effet d’augmenter le ratio chercheur/population. Pour ce critère de sélection, l’Algérie a obtenu la note de 9/10. Et avec des notes de 5 et de 5,5 pour les autres critères, l’Algérie se retrouve donc à la 49e place mondiale», explique Souheil Guessoum.

Le classement de Bloomberg est le résultat d’un processus déclaratif. Donc si certains pays ne sont pas classés, c’est qu’ils n’ont peut-être pas répondu aux questions de l’agence. Pour ce qui est de l’Algérie, Bloomberg ne précise pas qui a répondu aux questions.

«Le processus de classement 2020 a commencé avec plus de 200 économies. Chacune a été notée sur une échelle de 0 à 100 sur la base de sept catégories de pondération égale. Les nations qui n’ont pas communiqué de données pour au moins six catégories ont été éliminées, réduisant la liste totale à 105. Bloomberg publie les 60 principales économies», note l’agence.

La première place a été décernée à l’Allemagne, devant la Corée du Sud et Singapour. Le trio des économies les plus innovantes du monde arrive bien devant la première puissance économique mondiale les États-Unis (9e), la France (10e), ou même la Chine (15e).

Tout en relevant que l’Algérie est classée devant l’Inde (54e), Souheil Guessoum indique que l’innovation dépend avant tout de la capacité d’un État à instaurer un environnement propice à la création de start-up. Ce qui est loin d’être le cas en Algérie, même si le gouvernement actuel a pris conscience du retard accumulé ces dernières années.

«C’est absurde, l’Algérie ne peut pas devancer l’Inde en matière d’innovation puisque ce pays dispose d’un réseau de start-up parmi les plus importants au monde. Les lycéens et les étudiants algériens sont très doués mais ils évoluent dans un environnement où il n’existe pas de mécanisme de soutien à la création des jeunes pousses», ajoute-t-il à Sputnik.

La situation pourrait changer à l’avenir avec la création d’un secrétariat d’État. Ce n’est que très récemment que la question de ces entreprises a été prise en charge par le gouvernement Tebboune qui a nommé un ministère délégué aux Start-up.

 

 

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