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En Côte d’Ivoire, le rêve d’une Française pour les animaux de compagnie

L’attrait des Ivoiriens pour les animaux domestiques est grandissant ces dernières années. Mais leur épanouissement est encore loin d’être une réalité en Côte d’Ivoire, comme en témoignent les milliers de chiens ou de chats en errance, maltraités ou abandonnés, et dont la Française Audrey Monteil veut améliorer la condition.

Sa vocation était déjà toute tracée quand, enfant, il lui arrivait de recueillir les chats ou les chiens errants qui traînaient à Abidjan, où elle a presque toujours vécu.

Une trentaine d’années plus tard, la Française Audrey Monteuil –toiletteuse de profession et propriétaire d’un magasin d’accessoires et d’alimentation pour chiens et chats– continue sur la même lancée. Elle entend dédier sa vie à l’amélioration de la condition des animaux de compagnie dans son pays de résidence.

En janvier 2020, elle a fondé officiellement, avec quelques amis ivoiriens et français, le Comité de protection des animaux de Côte d’Ivoire (CPA-CI). Cette association, qui existe de fait depuis juillet 2017, entend «agir quotidiennement pour assurer la protection et la défense des animaux sur l’ensemble du territoire ivoirien». Loin de constituer une déclaration d’intention, ce cadre devrait générer des mesures concrètes, surtout dans le contexte local où ces compagnons à quatre pattes font partie du quotidien de nombreuses familles.

La création d’un refuge, une nécessité

D’ailleurs, la tenue depuis 2018 d’un salon des animaux de compagnie souligne, si besoin est, l’engouement croissant des Ivoiriens pour ceux-ci. Toutefois, ils sont loin de bénéficier de l’attention, ainsi que de la panoplie de droits prévue par la loi, que reçoivent leurs «pairs» en Occident.

«Je pense que le rapport de l’homme avec l’animal domestique est une question d’éducation tout simplement. Me concernant par exemple, j’ai grandi avec des animaux, leur présence est ancrée en moi. À mes yeux, ce ne sont pas juste des bêtes, mais aussi des membres à part entière de la famille. Et aujourd’hui, de nombreux Ivoiriens ont ce sentiment-là», a déclaré au micro de Sputnik Audrey Monteil.

Le chien est sans doute l’animal domestique le plus répandu en Côte d’Ivoire. Le Club des amis canins (CAC-CI) estime à environ neuf millions leur nombre. Et une race, le Laobé, est assurément la plus représentée.

 

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Posted by Vincent Toh Bi Irié on Friday, February 14, 2020

Mais une grande partie de ces animaux est sans propriétaire, condamnée à rôder à la recherche de sa pitance.

Les sollicitations pour récupérer, le plus souvent dans la rue, des compagnons à quatre pattes égarés, errants ou abandonnés sont légion, mais la capacité du CPA pour y faire face est très limitée. Actuellement, l’association fonctionne essentiellement sur la base de «familles d’accueil», c’est-à-dire des particuliers qui acceptent d’héberger gracieusement des animaux jusqu’à leur adoption.

«Plus on a de familles d’accueil, plus on peut récupérer d’animaux. Leur rôle est vraiment crucial pour nous car elles sont la transition entre la rue et l’adoption. Elles offrent un toit, de l’amour et une éducation», poursuit la jeune femme.

Grâce à un partenariat avec deux cliniques vétérinaires d’Abidjan –qui facturent leurs prestations à des prix préférentiels–, le CPA peut rendre aussi accessibles que possible les frais d’adoption, qui couvrent le premier vaccin, la stérilisation et la vermifugation, un traitement tuant les vers intestinaux, administré régulièrement aux animaux de compagnie. Ces frais varient entre 65.000 et 75.000 francs CFA (99 et 114 euros). En général, les chats sont adoptés à 65.000 francs, car leur stérilisation coûte moins cher que celle des chiens.

La dizaine de familles d’accueil actuellement disponible étant loin de pouvoir répondre à la demande qui ne cesse de croître au rythme de la popularité de l’association sur les réseaux sociaux, il apparaît plus que jamais impératif pour Audrey Monteil de créer un «grand refuge», à l’image de ceux de la Société protectrice des animaux (SPA) en France.

Mais la concrétisation d’un tel projet nécessite d’importants moyens financiers que le CPA est encore loin de posséder. Pour faire de son rêve de refuge une réalité, la présidente de l’association a entrepris de démarcher des sociétés en vue d’un sponsoring, en plus des appels aux dons.

«Le sponsoring des entreprises pourra consister en un appui financier ou un don de matériaux de construction», a-t-elle précisé.

En attendant que ce refuge voie le jour, la stratégie du CPA est de se concentrer sur les actions que ses fonds actuels lui permettent de réaliser. Le comité envisage de mener, à moyen terme à Abidjan, de vastes campagnes de stérilisation et de vaccination des chiens et chats errants. Ainsi que des campagnes de sensibilisation dans les établissements scolaires et des journées portes ouvertes.

«Actuellement, nous n’avons qu’une poignée de bénévoles. Autant dire que le besoin est grand. Nous cherchons surtout des personnes sur le terrain, c’est-à-dire qui disposent d’un véhicule et d’un peu de temps», a souligné la jeune femme.

Avec sa notoriété grandissante sur les réseaux sociaux, le CPA –dont l’attention est pour l’heure particulièrement centrée sur les chats et chiens– est souvent sollicité pour récupérer des animaux sauvages.

Quid des animaux sauvages?

La détention en captivité de ces derniers est interdite en Côte d’Ivoire, mais il n’est pas rare de retrouver un singe, une mangouste, voire un pangolin, chez un particulier.

«Au vu des demandes, nous allons très bientôt signer un partenariat avec le ministère des Eaux et forêts. Ainsi, une fois sollicités, nous ferons appel à eux pour récupérer ces animaux sauvages et ensemble, nous déterminerons le milieu naturel le mieux adapté pour les relâcher», espère Audrey Monteil.

En Côte d’Ivoire, les animaux sauvages sont répertoriés en trois catégories. Il y ceux qui sont intégralement protégés et dont la chasse et la capture sont interdites (éléphants, chimpanzés, pangolins, hippopotames nains…). On trouve aussi ceux qui sont partiellement protégés et dont la chasse et la capture peuvent être autorisées, sous certaines conditions (singes verts, hyènes, perroquets…). Et enfin, ceux dont la chasse est autorisée, sans autre forme de restriction légale ou réglementaire (chat sauvage, mangouste, porc-épic…) que la détention d’un permis de chasse.

Toutefois, la vente, sous quelque forme que ce soit, de la chair d’animaux sauvages, communément appelée viande de brousse, sur les marchés et dans le commerce est officiellement prohibée.

Cependant, cette viande –prisée des Ivoiriens– figure au menu de nombreux restaurants. D’ailleurs, la chair d’animaux domestiques comme le chien et le chat y est bien souvent disponible sur commande, pour le plus grand malheur de leurs défenseurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

Par : Roland Klohi
Source : Sputnik

 

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